Disparition de Manuel de Olivera

  • Mis à jour : 10 mai 2020

Le 2 avril 2015, le réalisateur portugais Manuel de Oliveira nous a quitté ; C’était le dernier réalisateur à avoir travaillé pour le cinéma muet. En effet, né le 11 décembre 1908, ses débuts au cinéma ont commencé en 1927.

Jeune homme très sportif, il excelle en natation, athlétisme, et course automobile (il remporte un grand prix en 1937 sur le circuit d’Estoril, et termine second du Ve Rallye Internacional de Lisboa (Estoril) en 19512). À l’âge de 19 ans, il fréquente l’école d’acteur de Reno Lupo et tourne comme acteur dans quelques films, son rôle le plus important restant celui de "A Canção de Lisboa", le premier film parlant portugais, en 1933. Il commence à tourner son premier film « Douro, faina fluvial », un court métrage documentaire muet qui met en relation le fleuve Douro et la vie des marins.

C’est avec son premier long métrage,« Aniki Bóbó » en 1942, contant le quotidien de quelques enfants des quartiers populaires de Porto et annonçant le néoréalisme italien, que Manoel de Oliveira parvient à se faire reconnaître.

En Allemagne, il étudie la couleur et les procédés techniques. À la suite de quoi, il reprend la caméra pour réaliser un nouvel essai sur Porto, « le Peintre et la Ville » en 1956. Conjuguant caméra subjective et "cinéma direct", représentation de la ville et reflets des tableaux d’Antonio Cruz, ce film instaure la naissance d’un nouveau courant dans le documentaire. Puis, il réalise « Le Mystère du printemps » ( O Acto da Primavera) en 1962, fondé sur un texte du XVIe siècle, Auto de Paixão de Francisco Vaz de Guimarães que les paysans de Curalha interprètent chaque année, en plein air, durant la semaine sainte. Selon Raphaël Bassan, « c’est une œuvre de transition où fiction et documentaire se côtoient pour piéger certaines données culturelles et sociales de la région ». Après ce film, le gouvernement portugais l’empêche à nouveau de tourner jusqu’en 1971, année où sort « Le Passé et le Présent », son troisième long métrage, une satire sur la société bourgeoise du Portugal, adaptation de la pièce de Vicente Sanches.

Il poursuit, avec une autre adaptation tirée celle-ci d’un roman de José Régio, « Benilde, ou la Vierge Mère » (1974) qui raconte l’histoire d’une jeune femme qui tombe enceinte tout en restant vierge, se référant au récit évangélique de la conception de Jésus.

Depuis ces films, il a un rythme de réalisation beaucoup plus régulier, souvent avec des films de type romantique ou d’amour impossible. Ainsi, connaît-on bien le film « Amour de perdition » en 1978, l’un de ses plus beaux films, adapté d’un roman de Camilo Castelo Branco, un des grands auteurs du romantisme portugais. Narrant l’histoire, à la fin du XVIIIe siècle, d’un amour désespéré entre deux jeunes personnes appartenant à des familles ennemies, l’adaptation de Manoel de Oliveira tente de faire découvrir au public la mentalité portugaise de l’époque.

En 1981, il tourne « Francisca », tiré d’un roman de Agustina Bessa-Luís. Ce film conclut la tétralogie des Amours frustrées. « Un masochisme révélateur de la psychologie portugaise au cours des âges parcourt les quatre opus de ce cycle »(Raphaël Bassan). Puis il tourne, entre autres, en 1985, « Le Soulier de satin » d’après Paul Claudel, en 1990 Non, ou la vaine gloire de commander, en 1993 « Val Abraham », à nouveau, d’après un roman de Agustina Bessa-Luís.

En 1995, il réalise « Le Couvent », avec Catherine Deneuve et John Malkovich film tiré encore une fois d’un roman de Agustina Bessa-Luís, As terras dos riscos. Manoel de Oliveira répondant à Antonio Tabucchi à la cinémathèque française le 3 juillet 2008. Manoel de Oliveira reçoit lors du Festival de Cannes 2008, l’année de ses 100 ans, sa première Palme d’or, une Palme d’or pour l’ensemble de son œuvre. En 2008 « Christophe Colomb, l’énigme », l’énigme évoque, avec émotion et humour, l’histoire de Christophe Colomb.

Puis « Singularités d’une jeune fille blonde, » adapté d’un conte de Eça de Queiroz, auteur réaliste portugais du xixe siècle, sort en salle en septembre 2009.
En 2010, Manoel De Oliveira est à Cannes pour la présentation de « L’Étrange Affaire Angélica » qui concourt dans la catégorie Un certain regard.