Le cinéma vénézuélien

  • Mis à jour : 25 juillet 2017

LE CINEMA DU VENEZUELA

Les débuts

Le cinéma vénézuélien a parcouru son petit bonhomme de chemin depuis que, le 28 janvier 1897 (seulement deux ans après la première projection des frères Lumière en France !) , furent présentés au Théâtre Baralt de Maracaibo les deux premiers films vénézuéliens : « Célebre especialista sacando muelas en el Gran Hotel Europa » et « Muchachos bañándose en la laguna de Maracaibo. »

Il faudra cependant attendre 1916 pour que Enrique Zimmerman réalise le premier long métrage de fiction dont on ait connaissance : « La Dama de las Cayenas o pasión y muerte de Margarita Gutiérrez ». Huit ans plus tard, en 1925, on filme « La Trepadora », adaptation du roman homonyme de Rómulo Gallegos, qui paraît la même année À la fin des années 20, le cinéma vénézuélien connaît un regain de popularité, et profite de l’installation de laboratoires nationaux, à Maracay, et de studios à Barquisimeto.

Premier film sonore

Après quelques tentatives en 1934 avec « La Venus de Nácar », le premier film sonore sort en 1938 : c’est le court métrage « Taboga », suivi la même année par le long métrage « El Rompimiento », de Antonio Delgado Gómez.

À la fin des années 30, Rómulo Gallegos crée les studios Ávila à Caracas et au début des années 40, Guillermo Villegas Blanco fonde l’entreprise Bolívar Films, toujours en activité de nos jours. Celle-ci établit des alliances avec des maisons de production mexicaines et argentines. Ces coproductions marquent le début du cinéma industriel dans le pays.

Dans les années 50 les films les plus connus de cette époque sont : « La Balandra Isabel llegó esta tarde », de Carlos Hugo Christensen, qui remporta le prix à la meilleure photographie au Festival de Cannes de 1951.

En 1959, le documentaire « Araya » de Margot Benacerraf partage avec Hiroshima, Mon Amour de Alain Resnais (excusez du peu !) le prix de la Critique au Festival de Cannes.

Les années 70 se caractérisent par l’apparition d’un cinéma à contenu social. C’est le Nuevo Cine Venezolano, qui connaît un boom en 1973, avec le film « Cuando quiero llorar, no lloro » de Mauricio Walerstein, basé sur le roman de Miguel Otero Silva, qui connaît un succès public sans précédent. Dans la même veine, sont produits les films de Román Chalbaud (« El pez que fuma »)

et Clemente de la Cerda (« Soy un Delincuente »).

Ce courant continue dans les années 80 avec des films comme « Macu, la mujer del policía » de Solveig Hoogesteijn

et « Homicidio Culposo » de César Bolívar.

Le cinéma vénézuélien rencontre alors le succès auprès du public national, avec des films tels que « La graduación de un delincuente »,

« Macho y hembra », « Ya-Koo, Oriana », « El atentado » et « Más allá del silencio ». Mais la crise financière que connaît le pays met un frein à cette expansion.

Dans les années 90, deux films se détachent et obtiennent plusieurs prix internationaux : « Jericó » de Luis Alberto Lamata

et « Disparen a Matar » de Carlos Azpúrua

. En 1994, est promulguée la Loi de cinématographie nationale, qui établit la création du Centre national autonome de cinématographie. Dans les premières années, la production reste faible : retenons surtout le film « Sicario » (1995). Mais à terme, la loi offre un socle plus solide au développement du cinéma national.

Deux genres principaux

Dans les années 2000, à l’instar des cinémas chilien et colombien, l’industrie du film vénézuélienne est entrée dans une phase de réveil . Fin septembre 2013, une production issue des « Émirats d’Amérique latine », « Pelo Malo », tirait son épingle du jeu en Espagne, en raflant la Concha de Oro au Festival du film de San Sebastián. De nombreux observateurs ont aimé interpréter ces victoires comme le juste résultat des grands efforts fournis par le Venezuela en matière de politiques de soutien au film depuis le milieu des années 2000.

Le 9 février 2014, le film « Azul y no tan rosa » (Bleu et pas si rose.) du réalisateur Miguel Ferrari est distingué du Goya du Meilleur film latino-américain. La grande cérémonie du cinéma espagnol offrait ainsi, pour la première fois de son histoire, une récompense à un film vénézuélien.

Dans ces années deux genres monopolisent la majorité des productions vénézuéliennes : le film historique, avec deux films sur le précurseur de l’indépendance Francisco de Miranda, un film sur le révolutionnaire du 19e siècle « Ezequiel Zamora », un autre sur le Caracazo , la révolte populaire de 1989 (ces deux derniers de Román Chalbaud) ; et le film d’action et de violence, dont le meilleur représentant est « Secuestro Express » de Jonathan Jakubowicz, qui fut distribuée mondialement par Miramax.

La création d’une société de production gouvernementale, la Villa del Cine, favorise les tournages à contenu patriotique, politique et social, tandis que la situation d’insécurité du pays inspire des films ultra-violents, sur fonds de délinquance et de drogue.

En 2015, le cinéma vénézuélien est enfin récompensé sur le plan international avec
Lion d’or remis au réalisateur vénézuélien Lorenzo Vigas pour son premier long-métrage « Desde alla ».

Toujours en 2015, se tient le 1er festival du cinéma vénézuélien à Paris. Des réalisateurs commes Carlos Fung, Margarita Cadenas ou Miguel Ferrari y présentaient leurs oeuvres. Un an après , « Hands of Stone », réalisé par le cinéaste vénézuélien Jonathan Jakubowicz avec Robert De Niro dans le rôle principal, est projetée en sélection officielle au Festival de Cannes. Ce film retrace l’histoire du boxeur panaméen Roberto Duràn (incarné par Edgar Ramirez) et de l’entraîneur-manager Ray Arcel (joué par Robert De Niro) qui va l’accompagner vers les plus grands succès mondiaux sur le ring dans les années 70 et 80, notamment à travers les légendaires combats contre Sugar Ray Leonard.