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Le Nanar du mois d’Octobre 2018 : "Mauvaises fréquentations"

  • Mis à jour : 29 septembre 2018

Les mois d’été ont été l’objet de faits divers et politiques mettant en évidence les mauvaises fréquentations. Cultures & Cinémas vous propose un fil sentimental montrant que le coeur perd parfois sa raison.

MAUVAISES FRÉQUENTATIONS
- Titre original : Mauvaises Fréquentations
- Réalisateur : Jean-Pierre Ameris
- Année : 1999
- Pays : France
- Genre : Drame pubère (Catégorie : Sentimental)
- Durée : 1h38
- Acteurs principaux : Lou Doillon, Maud Forget, Maxime Mansion, Robinson Stevenin
- Note : 1.5

D’après Nanarland

Avec Mauvaises Fréquentations, nous nous attelons à un style de nanar bien particulier : le nanar sentimental, sorte de déclinaison sur grand écran des "Feux de l’Amour" et autres mièvreries.

C’est donc pendant une heure et demie que nous allons voguer de vague à l’âme en vague à l’âme, d’éclats de rire en crises de larmes, de gifles en baisers et vice et versa... Attention cependant, il faut avouer que le scénario de ce film est beaucoup moins niais que celui du sitcom moyen, et reconnaître que certaines âmes (très, très, mais alors très) sensibles pourront même être touchées par le sujet.


Pause tendresse. Ca va pas durer...

L’histoire est même presque originale et aurait pu être "émouvante" puisqu’elle traite de prostitution adolescente : une midinette de quinze ans va, par amour, se vendre pour son petit ami, et c’est sa descente aux enfers qui nous est contée. Pour que son amoureux puisse réaliser son rêve et partir en Jamaïque elle va s’engager à réunir l’argent en faisant quatre-cent fellations ! Mais comme c’est beaucoup, sa meilleure amie (rencontrée une semaine plus tôt) va l’aider et s’engager à la délester de la moitié, et comme son petit ami est vraiment sans pitié il va vouloir partir sans elle, mais comme elle est très très amoureuse elle ne va rien voir venir, jusqu’au bout.

"Alors comme ça t’es la fille de Guy Forget ? Non t’es pas la fille de quelqu’un de connu ? Ben alors, comment t’as réussi à faire du cinéma ?"

Là où le bât blesse c’est que le parti pris de la réalisation est à l’image de la niaiserie de l’affiche. Plutôt que de nous montrer la sordide torture mentale à laquelle sont exposés ces jeunes, toutes les caricatures de l’adolescence sont passées en revue. Le film aurait pu toucher, mettre mal à l’aise... au lieu de cela il fait rire ! Ces adolescents ne sont pas crédibles une demi-seconde et on a plus souvent l’impression de se trouver devant le pilote d’une série pour ados crétins qu’autre chose. Délectable !

Mention spéciale à Lou Doillon, la fille de Jacques Doillon et de Jane Birkin qui oscille entre compréhension passive et crises d’hystérie comme seules savent les jouer nos actrices nationales. Cette fille de dix-neuf ans censée être en seconde, donc avoir quinze ans (elle aurait tout de même redoublé quatre fois avant d’arriver au lycée), évolue parmi une nuée de minots et semble dans son élément.

Mais non, je suis pas trop vieille pour le rôle, d’ailleurs dans ma tête j’ai toujours quatre ans !

On retiendra en particulier la scène où une prof lit sa dissertation-poème et qu’elle, torturée, à fleur de peau, quitte la salle de cours aux abois. Le film regorge de scénettes caricaturales qui desservent totalement sa crédibilité mais qui abreuvent allègrement la fontaine du nanar. Autre exemple : le méchant garçon dont l’innocente jeune fille est amoureuse lui dit : " Tu sais ce que je fais moi quand je suis énervé ? " Il l’emmène alors en haut d’une montagne avec vue sur la belle ville de Grenoble et se fend d’un cri pas viscéral du tout : " Je vous emmerde tous ! " (encore un habile moyen du réalisateur pour nous montrer combien ce jeune est "différent" et écorché vif !)… Et oui, ils sont comme ça les ados, du moins dans l’imaginaire de nos cinéastes un peu déconnectés.
Soulignons aussi que ce film est un must pour tout Grenoblois : il n’y a aucune cohérence géographique et c’est jouissif... mais seulement pour les Grenoblois ! (confidentiellement, le réalisateur étant Lyonnais, ça sent le règlement de compte rhône-alpin)

En conclusion, ce film est la preuve que le terme nanar ne s’accoquine pas seulement avec les films d’horreur ou d’action. Les films à visée sentimentale s’y prêtent tout à fait, surtout quand ils s’embourbent dans une caricature aussi grossière qu’irrésistible. Dommage encore une fois quand on pense que le sujet évitait à la base la mièvrerie, tant mieux quand on pense qu’on va encore une fois pouvoir passer une bonne soirée vidéo !
Pour un film pareil, c’est minimum la réclusion à perpétuité.