Paul Meurisse, né le 21 décembre 1912 à Dunkerque et mort le 19 janvier 1979 à Neuilly-sur-Seine, est un comédien français qui a excellé tant dans le Théâtre qu’au Cinéma, après avoir débuté sur la scène par la chanson.
Issu d’une famille de la petite bourgeoisie, il passe son enfance en Corse puis à Dijon. Après des études de droit à Aix-en-Provence, il devient clerc de notaire. Mais, attiré par le spectacle et doté d’une très belle voix, il monte à Paris participer à un radio-crochet qu’il gagne en 1936. Cela lui permet de débuter dans une revue au Trianon comme danseur et d’entamer un tour de chant dans des cabarets, interprétant de façon lugubre des chansons gaies. Pierre Dac le remarque et l’emmène en tournée. On peut voir un court extrait de son tour de chant dans « 24 heures de perm’ », son premier film tourné en 1940 mais sorti en 1945.
Notre tango
Après avoir été mobilisé en 1939, il retourne sur scène et côtoie Maurice Chevalier. En avril 1940, il crée aux côtés d’Édith Piaf, qui devient sa compagne jusqu’en 1942, « Le Bel indifférent » de Jean Cocteau au Théâtre des Bouffes-Parisiens.
Deux ans plus tard, celle-ci sera d’ailleurs sa partenaire dans le film « Montmartre-sur-Seine » (1941) de Georges Lacombe.
Sous l’Occupation, il poursuit ses débuts au cinéma en apparaissant dans des longs métrages tels que « Défense d’aimer » (1942) ou « Marie la misère (1945) » Après Edith il se mariera successivement avec trois actrices : Michèle Alfa de 1942 à 1946, Micheline Cheirel de 1951 à 1955, et Micheline Gary de 1965 à sa mort en 1979.
Après quelques rôles secondaires, sa carrière cinématographique démarre véritablement en 1946 avec son rôle de malfrat face à Francoise Rosay dans « Macadam » (1946), exploration de la face cachée des rues de Paris.
Macadam
Son charme ténébreux et son cynisme deviennent très vite sa marque de fabrique. Les rôles de flic qu’ils collectionnent dans la deuxième moitié des années 1940 (« Le Dessous des cartes », « Inspecteur Sergil ») et la décennie suivante (« Sergil chez les filles », « L’Inspecteur aime la bagarre », « Les Violents », « Echec au porteur ») lui siéent à merveille,
Les Violents
Mais c’est en 1954, avec sa prestation de directeur d’école tyrannique dans « Les Diaboliques , qu’il est à son apogée. Comme sa partenaire Simone Signoret, il a à souffrir des conditions de tournage mises en place par le réalisateur Henri-Georges Clouzot. Ce dernier lui impose notamment de rester une journée entière immergé dans une baignoire d’eau froide pour une courte séquence à la fin du film.
Malgré cela, les deux hommes collaboreront à nouveau ensemble sur « La Vérité » en 1960, drame dans lequel Paul Meurisse donnera, en robe d’avocat, la réplique à Brigitte Bardot et son défenseur Charles Vanel.
S’il est une comédienne que l’élégant acteur côtoie de manière régulière à l’écran, c’est bien Danielle Darrieux. A quatre reprises, les deux talents sont crédités au générique des mêmes films : « L’Affaire des poisons » (1955),
« Marie-Octobre » (1958),
« Le Septième ciel » et plus tard « Méfiez-vous, mesdames » (1963).
Pensionnaire de la Comédie-Française et ce durant deux ans (1956 – 1958), il compte également dans sa filmographie quelques autres rôles marquants : psychiatre adepte de nouveaux traitements dans « La Tête contre les mur » (1958),
biologiste séduit par une jeune fille dans Le « Déjeuner sur l’herbe » (1959), truand rangé des voitures dans « Du mouron pour les petits oiseaux (1963) »… ; le plus souvent interprétés sous la houlette de cinéastes de renom : Georges Franju, Jean Renoir, Marcel Carné
Du mouron pour les petits oiseaux
Dans la première moitié des années 1960, Paul Meurisse se retrouve à incarner le suave commandant Dromard, agent des services secrets français, dans une trilogie à succès, celle du « Monocle », dont la mise en scène est signée Georges Lautner. Hormis ses deux participations aux chefs-d’œuvre de Jean-Pierre Melville « Le Deuxième souffle »(1966)
et « L’Armée des ombres » (1969),
l’acteur au flegme légendaire s’oriente davantage, durant cette décennie, vers la comédie ; de manière très régulière en compagnie de Michel Serrault « Quand passent les faisans »,
« Moi et les hommes de quarante ans », « Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques »).
Il interprète la plupart de ses rôles avec la même élégance et le même flegme, tour à tour ironique ou inquiétant. De même que Jean Gabin ou Lino Ventura, il ne compose pas ses rôles, restant lui-même avec une affectation touchant parfois à l’autodérision comme dans « L’Œil du Monocle ».
Au cours des années 70, il tend à déserter les plateaux de cinéma pour s’investir plus intensément au théâtre. C’est d’ailleurs à la sortie d’une représentation de la pièce Mon père avait raison de Sacha Guitry en 1979 qu’il est victime d’une crise cardiaque qui lui sera fatale. Il est inhumé au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine.
Tombe de Paul Meurisse