Le cinéma mozambicain

  • Mis à jour : 30 avril 2020

HISTOIRE DU CINEMA AU MOZAMBIQUE

le Cinéma post indépendance

La première action culturelle du gouvernement mozambicain juste après l’indépendance, en 1975, fut la création de l’Institut national du cinéma (INC). Le nouveau président, Samora Machel, avait pleinement pris conscience du pouvoir de l’image et de la façon dont on pouvait l’utiliser pour bâtir une nouvelle nation socialiste. Les unités mobiles de cinéma montreraient au pays tout entier la production la plus populaire de l’INC, le journal cinématographique Kuxa Kanema. Kuxa Kanema veut dire naissance du cinéma et son objectif était de filmer l’image du peuple et la donner au peuple. On comprend l’importance du soutien accordé, dès les premières années d’indépendance, au cinéma, ce qui a favorisé l’élaboration d’une écriture cinématographique spécifiquement mozambicaine et qui s’est affinée au fil des ans.

Mais aujourd’hui la République populaire du Mozambique est devenue, plus simplement, la République du Mozambique. Il ne reste pratiquement plus rien de ce qui fut la grande entreprise de l’INC. Détruit par un incendie en 1991, il ne reste du bâtiment que des salles et des couloirs abandonnés où quelques fonctionnaires attendent patiemment la réforme. Dans une annexe, oubliées, pourrissent les images témoignant des onze premières années d’indépendance, des années de la révolution socialiste.

C’est au travers des images et des mots des personnes qui ont filmées « Mozambique, journal d’une indépendance » de Margarida Cordoso , que l’on peut suivre le parcours de l’idéal d’un pays qui s’effondre peu à peu, comme l’idéal d’"un" cinéma et des rêves de gens qui un jour ont cru que le Mozambique pourrait devenir un pays différent.

Le Nouveau Cinéma (1981)

Présenté par le cinéaste Camilo De Sousa et Pedro Pimenta, directeur adjoint de l’Institut national du cinéma du Mozambique (INACINE), un institut actif dans la production de nouveaux films ainsi que dans la distribution de films dans les zones rurales du Mozambique. Depuis la production de « They Are the Weapons », le premier long métrage tourné au Mozambique depuis l’indépendance, INACINE a produit un nouveau long métrage de Ruy Guera, l’un des fondateurs du cinéma brésilien Novo, « Mueda - Memory and Massacre », présenté à plusieurs reprises festivals de films.

La coopération avec le Brésil

Le Brésil est de plus en plus présent en Afrique, aussi bien aux niveaux diplomatique et économique qu’au niveau culturel. Comment est perçue cette présence sur le continent africain ? Les mozambicains connaissent principalement la culture brésilienne à travers les telenovelas et la musique.
Tous les mozambicains ne connaissent pas le Brésil, je pense même que seule une minorité urbaine connaît bien ce pays, sa société et sa culture. Mais la perception que l’on a du Brésil est celle d’un endroit qui malgré ses difficultés et défis en terme développement, reste un pays agréable et accueillant.
Plus récemment, les gens commencent à voir le Brésil comme un pays potentiellement dangereux à cause des infos télévisées montrant la violence dans les favelas et les trafics de drogues. Mais ça ne suffit pas à enlever les images de football et de samba ! Pour dire que globalement qu’ils ont une image positive du Brésil.
Il existe sans aucun doute une grande influence des auteurs brésiliens, des noms comme Jorge Amado, Machado de Assis, Graciliano Ramos, Guimarães Rosa et plus récemment Paulo Coelho ont je crois une grande importance dans la littérature mozambicaine. Certains ouvrages sont étudiés à l’école. De plus en plus de gens s’intéressent à la lecture et à cette littérature. A titre d’exemple des œuvres comme « Capitães de Areia », « Vidas Secas » et/ou « O Alquimista » sont célèbres au Mozambique.
Pour le cinéma des films comme « Orfeu Negro » (Orphée noir) ont marqués des générations entières de mozambicains. Des films plus récents comme «  Cidade de Deus » (La Cité de Dieu), « Tropa de Elite » ou autres encore avec une nature différente apporte les nouvelles dynamiques et formes de faire du cinéma qui ne ressemble pas au schéma hollywoodien. Mais, le cinéma reste largement supplanté par les Telenovelas. Les mozambicains se sentent plus proche de la culture brésilienne que de la culture portugaise. D’une manière générale, le Mozambique considère le Brésil comme un pays frère. Non seulement par la langue que nous partageons mais également par un passé commun pour avoir eu le même colonisateur.

Le Cinéma documentaire

(Pimenta)
En 2009, le cinéma documentaire au Mozambique a le vent en poupe . Cinéaste et documentariste, Pedro Pimenta a produit, co-produit et dirigé la production de plusieurs courts métrages de fiction et des documentaires, aussi bien au Mozambique que dans d’autres pays d’Afrique. En tant que conseiller technique de l’UNESCO, il a créé et dirigé plusieurs programmes pédagogiques et est un des fondateurs du l’AVEA (Audio-visual Entrepreneurs of Africa). Il est l’organisateur du Festival du cinéma documentaire "Dokunema" à Maputo.

Le documentaire occupe une place importante dans la production cinématographique au Mozambique ... il faut y voir l’effet, ou le résultat, de la politique du cinéma et de l’audiovisuel adoptée par le Frelimo après l’indépendance du pays. L’ Institut National du Cinéma a bénéficié de l’expérience de l’utilisation du cinéma pendant la lutte armée qui a permis au Frelimo d’assumer la fonction importante de création d’une identité nationale

On peut affirmer qu’il y a une forme d’expression cinématographique mozambicaine orientée surtout vers le champ documentaire. Il y a certes une expérience du film de fiction, un long métrage est en cours de réalisation, un court-métrage a été achevé cette année et un second est prévu, mais l’essentiel du rapport entre le public mozambicain et le cinéma passe par le documentaire, d’où la nécessité de développer et de penser ce genre de façon à réaffirmer cette spécificité culturelle et d’en développer les moyens d’expression.

Néanmoins, faut se vraiment se battre pour conquérir un public mais il y a des avancées positives. Il y a quelques années, on devait payer les chaînes de TV pour qu’ils acceptent de diffuser nos productions. Les choses changent maintenant. Depuis peu, on ne nous demande plus de payer pour pouvoir être diffusés, d’autre rapports d’échanges de service s’installent, ce qui est un début. Cela permet une diffusion limitée.

La vidéo d’art

La vidéo d’art émerge au Mozambique avec une certaine énergie. A mon sens, c’est très intéressant parce qu’elle est novatrice, mais elle est à la recherche de repères et de références locales pour qu’elle puisse s’asseoir sur des options artistiques fermement établies. La vidéo d’art répond au besoin d’expression de jeunes qui ne disposent pas des outils pour s’exprimer autrement. A travers la vidéo, ils expérimentent et des talents émergent. Beaucoup de jeunes s’approprient avec peu de moyens et s’expriment en mélangeant librement des techniques diverses dans une forme qui ne répond pas toujours aux critères de l’industrie audio-visuelle ou des professionnels, mais cela leur permet toutefois d’exister.

Le cinéma d’animation

En 2018, le cinéma d’animation se développe en Afrique, en même temps que les autres productions cinématographiques. Au Mozambique, les défis sont bien plus grands. A Maputo, Nildo Essa travaille avec sa femme au premier long métrage d’animation produit au Mozambique. Il met en scène trois enfants surnommés les « Brats » « Os Pestinhas »... « Les petites pestes » en Français. Dans le film, les trois enfants sont sélectionnés pour une course dans la province de Tete au nord du Mozambique. Mais une fois là-bas, ils découvrent que la grand-mère de Lili a été empoisonnée. Ils se rendent alors au barrage de Cahora Bassa pour essayer de trouver un antidote. »

Ce premier film d’animation mozambicain est développé par le studio FX. Hlima Essa et son mari Nildo sont à sa tête. L’idée de créer des personnages mozambicains est née en 2010. Au départ, les « Brats » sont utilisés dans des campagnes publicitaires ou éducatives. Nildo et sa femme ont également produit deux courts métrages d’animation

LES FESTIVALS

Festival Dockanema

Dockanema fut créé en 2006 pour répondre au désengagement des pouvoirs publics à l’égard du cinéma. Il y a une tradition du documentaire au Mozambique et il fallait se concentrer sur ce genre dans la mesure où le rapport que l’on pouvait établir entre le public et les professionnels n’était pas sans impact sur la réalité vécue . Dans cette perspective, Dockanema relance le débat.

Outre la programmation de documentaires pour le public, le Festival permet aux professionnels de se rencontrer et organise aussi des formations pour les jeunes mozambicains qui ont envie de se mettre en rapport avec une histoire qu’ils n’ont pas connue et d’acquérir les connaissances et les outils nécessaires.

Il s’agit d’assurer une relève de la génération qui a eu le privilège de vivre à une époque où la formation faisait partie intégrante de l’idée de faire du cinéma. La formation n’existe plus et il est difficile actuellement à un jeune qui a envie de s’exprimer par le cinéma documentaire de savoir comment commencer. De la vient l’idée de constituer une plateforme où l’on peut se confronter avec ce qui a été réalisé, et se réalise, dans le monde du documentaire.

Le succès du festival induit déjà des changements. Il y a des indicateurs qui ne sont pas trompeurs. L’idée d’aller au cinéma revient graduellement dans le public. Après la réalisation du Festival, des gens ont eu envie d’établir un ciné-club qui programme des films deux fois par semaine attirant un public fidèle. Il prend plaisir à voir des films, les discuter et faire des propositions. Les cycles de cinéma organisés par les ambassades et associations culturelles suscitent un regain d’intérêt.

Il y a d’autres indicateurs évidents. Le débat entre professionnels semble évoluer . Il y a 3-4 ans, il se déroulait en termes de plaintes sur une époque qui n’existe plus ... etc. Aujourd’hui, les professionnels s’engagent dans des propositions concrètes, organisent des activités, interviennent auprès du gouvernement, ce qui n’est pas toujours facile - il y a parfois des tensions - mais à la longue cela peut faire changer les choses. Du côté gouvernemental, des questions se posent aussi : pourquoi le cinéma ne se développe-t-il pas ? que faut-il faire ? et des idées, balbutiantes encore, germent sur la formation, la structuration du secteur, la mise en place d’un secteur public, le soutien de l’Etat, etc.

Le Festival apporte aussi une autre dimension en établissant des réseaux entre le Mozambique et ses voisins d’Afrique australe, les autres pays du continent africain, et avec l’Europe. Cela induit de nouvelles manières de penser et de faire, ouvrant la voie à de nouveaux projets dans une perspective continentale.

FILMS

- « Films ethnographiques 1958-1961 » (Mozambique) de Margot Dias.
Margot et Jorge Dias ont pratiqué au nord-est du Mozambique une ethnographie que l’on pourrait qualifier de conjugale. Lui, professeur d’anthropologie et elle, musicienne de formation, se sont consacrés pendant plusieurs années, de 1958 à 1961, avec leur collègue Manuel Viegas Guerreiro, à un travail de terrain qui a mené à la publication d’une célèbre monographie sur les Makonde en quatre volumes. Malgré son implication à toutes les étapes de cette recherche collective, Margot Dias est quelque peu restée dans l’ombre du grand ethnologue portugais. Désormais, sa contribution filmique à leur ethnographie ouvre de nouvelles perspectives et permet de revisiter, à travers elle, une période fondatrice de l’ethnologie portugaise.

- « Estas são as armas » - Film documentaire mozambicain réalisé en 1978.
Réalisé par un collectif de jeunes de l’Institut national du cinéma (INC) sous la direction de Murilo Salles et Luís Bernardo Honwana, Estas são as armas traite de l’invasion de cette ancienne colonie portugaise par les troupes de Rhodésie. En 1977 une équipe part de Maputo à la province de Tete dans l’objectif de réaliser un reportage sur les dommages causés par les bombardements de la flotte aérienne dans diverses zones habitées par des milliers de personnes.

- « The Water War - A Guerra da Água » de Licínio Azevedo – 1995
Quatre histoires dans un village mozambicain. Des histoires sur l’importance d’un bidon d’eau, un puits qui se casse, un chasseur solitaire, un oiseau qui dans sa cage devient une radio portable… Et dans chacun d’eux, il y a de la dignité, de la fierté et du rire. Le documentaire a trois protagonistes : le puits, les femmes et le baobab. Un film magique.

- « Regresso a Nacala - Return to Nacala » de Brigitte Martinez – 2001
Plus de 25 ans après le départ, l’envie de rentrer et de marcher sur cette route connue par cœur, la route d’une enfance ... Cette route va à Nacala, une ville côtière du nord du Mozambique. Un voyage fait par Brigitte, qui apporte avec elle les photos que son père avait prises 40 ans auparavant. Elle cherche des souvenirs, des camarades de classe, des décors. Elle trouve un nouveau pays indépendant et se demande si elle peut encore s’intégrer dans ce monde en mouvement.

- « A Ponte - The Bridge » de Licínio Azevedo – 2001
Durant la saison des pluies, les rivières débordent et Chimanimani, une des plus belles régions du Mozambique, est isolée du reste du pays. Une réserve naturelle va y être créée. Le Mont Binga, le sommet le plus élevé du Mozambique, en est l’attraction principale. Cette réserve sera une source de revenus pour la population locale. Mais, avant cela, il faut bâtir un pont. Le village entier participe à sa construction. Le film raconte l’histoire de cette lutte collective pour édifier ce pont. C’est un hommage au travail accompli par ces hommes et ces femmes.

- « Disobedience - Desobediência » de Licínio Azevedo, Mozambique, 2002l
Rosa vit avec un mari toujours ivre. Un jour, fatiguée de ses exigences, elle lui laisse choisir l’endroit où il souhaite prendre son bain. Dans sa fureur, le mari se pend. Sa famille, dans l’espoir de récupérer ses biens, accuse la femme d’être à l’origine du suicide de son mari, en lui désobéissant. Cette dernière pour se défendre fait appel au jugement traditionnel d’un sorcier, puis des autorités civiles. Par deux fois, elle est déclarée innocente. Mais la famille du mari n’abandonne pas sa poursuite.
Ce film a été tourné dans des conditions très particulières. Le réalisateur a été informé de cette histoire par un journal local et s’est rendu sur les lieux du drame pour reconstituer les événements. Les personnages sont donc les acteurs réels de l’histoire. Le suicidé étant interprété par son frère jumeau. Pendant le tournage, l’histoire de la vengeance s’est poursuivi. Pour en accompagner les péripéties, une seconde caméra a été installée. Ce que crée au montage un extraordinaire équilibre entre le documentaire et la fiction.

- « Hands of Clay » de Licínio Azevedo, Mozambique, 2003
C’est le monde imaginaire d’une artiste unique et rafraîchissante qui s’exprime avec l’argile, un matériau traditionnel pour l’Afrique. Reinata Sadimba est née en 1945, mais son âge n’a pas éteint l’étincelle dans ses yeux, elle qui se comporte toujours comme si elle était encore une petite fille espiègle. Ses sculptures racontent toutes sortes d’histoires tirées de la vraie vie et du folklore traditionnel de son pays. C’est aussi sa façon à elle d’exorciser les esprits et les démons. Des expositions aux Etats-Unis, au Japon et en Allemagne lui ont donné une réputation mondiale. Mais elle reste un personnage excentrique qui adore danser vêtue comme un homme.

- « Marrabenta Stories » de Karen Boswall, Mozambique, 2004
De jeunes musiciens mozambicains, qui habituellement jouent du jazz, de la funk et du hip hop, s’allient à un groupe d’hommes âgés, stars du marrabenta, le style musical traditionnel du Mozambique. Ensemble, ils forment un groupe appelé Mabulu et mélangent leurs styles musicaux. Les « Old Glories », comme les appellent affectueusement leurs fans, vivent encore à Maputo, au jour le jour. Ils survivent comme ils l’ont fait durant les 50 dernières années, en écrivant des chansons qui racontent les détails, heureux ou malheureux, de leur vie. Un « Buena Vista Social Club », version mozambicaine.

Marrabenta Stories : "Suffering is Easy" from Karen Boswall on Vimeo.

- « The Demining Camp » de Licínio Azevedo, Mozambique, 2005
Certains ont combattu de part et d’autre dans la guerre qui a ravagé le Mozambique. D’autres étaient des civils et pour eux, le travail de déminage est une alternative au chômage ou à une vie de crime. Vivant tous ensemble dans des tentes, ils restent longtemps loin de leur famille. Chaque jour, ils risquent leur vie ensemble. Ils sont en effet un groupe d’hommes très spécial.

- « O Grande Bazar » de Licínio Azevedo, Mozambique, 2006
Deux garçons avec des expériences et des objectifs différents se rencontrent dans un marché africain tentaculaire. L’un cherche un emploi pour récupérer ce qui lui a été volé et rentrer chez lui ; l’autre fera tout pour éviter de rentrer avec sa famille. Ils deviennent amis et ensemble ils réinventent le monde.

- « Night Lodgers » de Licínio Azevedo – 2007
A l’époque coloniale, le Grand Hôtel de la ville de Beira était le plus grand du Mozambique : 350 chambres, suites luxueuses, piscine olympique…
Aujourd’hui, le bâtiment est en ruine, sans électricité ni eau courante, et est habité par 3500 personnes. Certains y vivent depuis vingt ans. Les chambres, les foyers, les couloirs, les zones de service, même les réfrigérateurs et les salles de bains de l’hôtel servent de maison. Mais il n’y a aucune trace de tristesse ou d’apitoiement sur soi dans ce documentaire lumineux.

- « Terra Sonâmbula - Sleepwalking Land » de Teresa Prata – 2007
Mozambique, guerre civile. Muidinga, un garçon aux grands yeux, trouve un journal à côté d’un cadavre et commence à le lire. C’est l’histoire de Farida qui vit dans un vieux bateau ancré dans la mer et attend son fils. Il se convainc qu’il est le garçon du journal et décide de la rechercher. Il part avec Tuahir, un vieux conteur dur qui développe une affection grandissante pour Muidinga. Il devient même jaloux que le garçon puisse bientôt retrouver sa famille. Le film laisse lentement derrière lui la dure réalité de la guerre et entre dans le fantastique. Les rêves deviennent réalité et la mer envahit la route poussiéreuse.

- « O meu marido está a negar » de Rogério Manjate, Mozambique , 2007
Hermínia est une mère séropositive. Elle s’en est rendu compte lors de ses consultations à la maternité. Gabriel, son mari, est au courant de sa maladie et l’accepte. En revanche il refuse de faire les tests. Dans ce cas le traitement d’Hermínia ne lui servirait à rien. Elle est convaincue que si elle l’emmène voir une pièce de théâtre sur ce thème, il changera d’attitude. O meu marido está a negar décrit le spectacle interactif du Teatro do Oprimido et son rôle pour les malades du sida, en se proposant d’encourager les changements de comportement et la prise de conscience de leur public par rapport à cette maladie.

- « A Ilha dos Espíritos » de Licínio Azevedo, Mozambique, 2010
Une île minuscule, une grande histoire. Longtemps avant de donner son nom au pays, l’île de Mozambique a joué un rôle primordial durant des siècles dans l’Océan Indien. Point d’ancrage des Caravelles, lieu de ralliement pour les pirates, c’est un creuset de races. Elle dresse ses murs au milieu de la mer. Ses rues venteuses, pleine de vie, révèlent de petits palais, des églises et des maisons blanches. Ses habitants sont des personnages excentriques, fiers du passé de l’île, de son histoire. En flânant par les rues encombrées, nous rencontrons un historien, un archéologue maritime, un pêcheur, le « portier » de l’île, un danseur et beaucoup de fantômes.

- « Le Dernier Vol du flamant rose » [+], premier film du réalisateur originaire du Mozambique João Ribeiro (2010)
Au-delà de ses indéniables qualités cinématographiques, ce titre représente une collaboration inédite entre plusieurs pays européens (le Portugal, l’Espagne, la France et l’Italie) et le Mozambique, qui met en ce moment l’accent sur les coopérations favorisant l’emploi des femmes risquant l’exclusion sociale et des jeunes formés dans le domaine de la production audiovisuelle.
Le film est l’adaptation d’un roman mozambicain de Mia Couto, qui estime que c’est à cette date la meilleure transposition cinématographique de son oeuvre, qui s’inscrit dans le genre du réalisme magique. L’histoire commence par cinq explosions causant la mort de nombreux soldats stationnés à Tizangara, ne laissant intacts que leurs parties génitales et leurs casques bleus. L’enquête sur l’attentat est confiée au lieutenant italien Massimo Risi (interprété par un des producteurs du film, Carlo D’Ursi), en chemin vers la capitale, Maputo. Avec l’aide du traducteur local Joaquim, il cherche à éclaircir le mystère, mais sur cette terre, les apparences sont trompeuses.

- « Virgem Margarida » de Licínio Azevedo – 2012
1975. Le Mozambique fête son indépendance. La jeune révolution veut éradiquer les méfaits de la colonisation, dont la prostitution. Les rues de Maputo, la capitale, sont alors débarrassée des prostituées envoyées en camp de rééducation loin dans la savane pour en faire des femmes "nouvelles". Margarida, une adolescente campagnarde de 16 ans est prise par erreur et n’arrive pas à faire reconnaître sa bonne foi. Voici son histoire et celle de femmes inexorablement liées à l’adversité.

- « The Train of Salt and Sugar » _ Licínio Azevedo – 2016
Un train s’apprête à quitter Nampula, au Nord du Mozambique, pour rejoindre le Malawi. En 1989, la guerre civile sévit dans le pays et entamer ce voyage signifie risquer sa vie, car le train entrera en zone rebelle. C’est ce convoi que prend Rosa pour rejoindre son hôpital. Elle y rencontre le lieutenant Taia, chargé de l’escorte militaire.
Quittant le documentaire, Licínio Azevedo raconte toujours la réalité que vivent les Mozambicains. L’action se déroule dans des paysages grandioses qui n’ont rien à envier à la fameuse Monument Valley que prisait tant John Ford. Un train en guise de diligence, et voilà planté le décor. Mais les références au Western ne s’arrêtent pas là. Le réalisateur Azevedo avoue aimer le genre, citant John Ford et Georges Stevens. Et, effectivement, les références ne manquent pas tout au long du film de « La charge héroïque » à « Il était une fois la révolution » de Sergio Leone. Cependant, au-delà de l’aspect purement esthétique, on se rend compte que le genre permet d’évoquer avec précision cette lutte sanglante que fut la guerre civile opposant la Renamo au Frelimo et de lui donner une signification très concrète. Le soin apporté aux détails rend toute l’action parfaitement crédible, ce qui n’a rien d’étonnant : le réalisateur Licinio Azevedo ayant lui-même accompli plusieurs fois ce trajet à haut risque, encore aujourd’hui.
En outre « The Train of Salt and Sugar » (Convoi de sel et de sucre) trouve aussi son inspiration dans les légendes animistes africaines où les hommes initiés peuvent se changer en lion ou en singe, être invincibles aux balles, se relever après avoir été laissés pour morts. Et le spectateur trouve cela normal, car, comme le dit Azevedo lui-même, avec la magie, il n’y a plus de règle qui s’applique. Au cinéma, par contre, il y en a une à laquelle on n’échappe pas : maintenir le spectateur en haleine et de ce point de vue « The Train of Salt and Sugar » est une réussite.

LES REALISATEURS

Licinio Azevedo

Licinio Azevedo est un cinéaste et écrivain mozambicain. Né au Brésil, il a commencé sa carrière en tant que journaliste en Amérique latine, et est venu au Mozambique à la recherche d’histoires post-coloniales marquantes, qu’il a plus tard compilées dans un livre. Il a travaillé en étroite collaboration avec Ruy Guerra, Godard et Jean Rouch à l’Institut national du Mozambique dans les années qui ont suivi l’indépendance du pays. Formé à l’Institut national du Mozambique dans les années qui ont suivi l’indépendance du pays, Licinio Azevedo, a développé un cinéma très engagé, fortement marqué par les événements traumatisants que le pays a traversés. Sur ce terreau, le Mozambique a construit une cinématographie singulière, outil de revendication et de dénonciation.
Depuis 1980, il a réalisé plus de vingt films, distribués à l’international, et est le co-fondateur de l’une des sociétés de production de films les plus renomme ?es du Mozambique : Ebano Multimédia. Les films de Lici ?nio sont au plus pre ?s de la re ?alite ? du Mozambique et de son évolution politique troublée. Entre fiction et documentaire, Licinio mêle les deux genres, toujours inspirés par la narration des événements et des personnages forts et crédibles. Incluant constamment des éléments du réel dans ses fictions, Licinio Azevedo est avant tout un documentariste reconnu.