Ayant joué dans plus de cent quarante films, il est l’un des acteurs comiques les plus célèbres du cinéma français de la seconde moitié du xxe siècle et réalise les meilleurs résultats du cinéma français, des années 1960 au début des années 1980. Il réalise également les meilleures audiences télévisées. Très peu récompensé, il reçoit toutefois un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 1980.
Outre la France, les films de Louis de Funès ont connu un grand succès dans divers pays européens, et notamment en Russie, du temps de l’URSS. Sa popularité ne s’étendra que très peu dans le monde anglo-saxon, à l’exception du succès outre-Atlantique de « Rabbi Jacob », nommé pour un Golden Globe en 1975. Le souvenir de l’acteur est entretenu par deux musées : le musée Louis-de-Funès à Saint-Raphaël et le musée de la gendarmerie et du cinéma, dans l’ancienne gendarmerie de Saint-Tropez.
BIOGRAPHIE
Enfance et formation
Louis de Funès est issu d’une famille castillane du côté de son père, Carlos Luis de Funes de Galarza (Séville, 1871 — Malaga, 19 mai 1934).
Sa mère Leonor Soto Reguera (Ortigueira, 21 janvier 1878 — Montmorency, 25 octobre 1957cit.) est de famille bourgeoise, son propre père étant un grand avocat de Madrid. Les deux amoureux arrivent d’Espagne en 1904 après que Carlos a enlevé Leonor, dont les parents s’opposaient tout d’abord à leur union.
Le père, Carlos, personnage un peu fantasque, ne peut plus exercer sa profession d’avocat depuis son installation en France et s’improvise alors diamantaire. Mais au début des années 1930, il fait croire à son suicide et part au Venezuela, « dans l’espoir de faire prospérer ses affaires ». Son épouse apprenant le subterfuge va le chercher et l’en ramène rongé par la tuberculose. Il meurt seul et ruiné en Espagne en 1934.
Leonor, avec son fort caractère, est aussi une source du sens de la comédie de Louis, son premier « professeur de comédie » : « Il arrivait à ma mère de me courser autour de la table en criant “Yé vais té touer”. Dans sa façon d’être et d’agir, elle possédait, sans le savoir, le génie des planchese ». Elle lui donne également ses premières leçons de piano à l’âge de 5 ans.
Le jeune Louis passe son enfance à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), où il fréquente l’école du Centre. À dix ans, Louis de Funès entre au collège Jules-Ferry de Coulommiers, un établissement austère, où son frère est déjà pensionnaire, avec quatre uniques sorties par an. Rêveur, indiscipliné et taciturne, son physique malingre, son nez allongé et son regard apeuré en font le souffre-douleur de ses camarades du pensionnat. Pendant les trois ans d’internat, où il apprend l’adversité et la méchanceté de ses professeurs, « il ne s’anime que pour dessiner, pêcher à la ligne et faire rire ses petits camarades ». En 1930, à 16 ans, après des études secondaires moyennes au lycée Condorcet et sur les conseils de son frère, devenu fourreur, Louis de Funès entre à l’École professionnelle de la fourrure, située près de la place de la Bastille, mais il en est renvoyé pour chahut. Il travaille ensuite chez plusieurs fourreurs, exerce successivement différents métiers (comptable, étalagiste, décorateur)h, mais ses renvois systématiques et la lassitude de ses frasques professionnelles conduisent ses parents à l’inscrire, en 1932, à l’École technique de photographie et de cinéma, située à deux pas de son domicile, où il choisit la section cinéma. Dans les cours, il a notamment pour condisciple Henri Decaë, bien plus tard directeur de la photographie sur plusieurs de ses films.
« Louis de Funès était quelqu’un qui n’était pas expansif à la ville. Chaque fois que nous nous rencontrions pour un nouveau film, il me redisait quelques formules chimiques apprises à l’ETPC vingt ou trente ans auparavant, en 1933, dont ce nom de produit qui le faisait hurler de rire, « hyposulfite de soude ». Ceci en imitant le professeur strict qui nous en enseigna les propriétés... C’était comme une connivence entre nous ! »— Henri Decaë
Finalement, il est renvoyé pour incendie volontaire. Commence alors un cycle de périodes de chômage et d’emplois d’où il finit toujours par se faire renvoyer. Son fils Olivier de Funès explique : « Après avoir abandonné ses études secondaires, mon père avait exercé toutes sortes de petits métiers. Je me demande s’il ne les enjolivait pas un peu dans ses interviews car à la maison il n’en parlait jamais »l.
Premiers pas sur scène
En 1942, à l’âge de 28 ans, il décide de devenir comédien, et s’inscrit au cours Simon, réussissant son concours d’entrée grâce à une interprétation d’une scène des « Fourberies de Scapin », de Molière. Même s’il n’y fait qu’un court passage, il croise dans le cours d’autres apprentis comédiens, comme Daniel Gélin, qui lui permet de débuter plus tard dans la pièce « L’Amant de paille » de Marc-Gilbert Sauvajon.
« Un hasard prodigieux. Je descendais d’un wagon de première dans le métro et Daniel Gélin, déjà croisé au cours René-Simon, montait dans un wagon de seconde. La porte allait se refermer lorsqu’il me crie : « Téléphone-moi demain. J’ai un petit rôle pour toim ». » — Louis de Funès . Daniel Gélin donnera cependant une version un peu différente de leur rencontre sur le quai de métro dans son autobiographie. À côté de quelques petites figurations théâtrales, l’acteur se démène pour gagner sa vie grâce à ses activités de pianiste de jazz, donnant parfois des cours le jour, puis jouant la nuit à travers le Paris nocturne.
En 1945, toujours grâce à Daniel Gélin, que de Funès surnommait « Ma Chance » lorsqu’il le croisait, il débute au cinéma, âgé de plus de trente ans, dans « La Tentation de Barbizon », de Jean Stelli. Dans le petit rôle du portier du cabaret Le Paradis, il prononce sa première réplique à l’écran en voyant un client (interprété par Pierre Larquey) qui essaye de passer à travers une porte fermée : « Ben, il a son compte celui-là, aujourd’hui ! »
L’acteur enchaîne dès lors silhouettes, figurations et petits rôles. Quelquefois, il incarne même plusieurs personnages dans un même film, comme pour « Du Guesclin » de Bernard de Latour, en 1948, où il tient tour à tour les rôles de mendiant, de chef de bande, d’astrologue et de seigneur.
En 1949, il joue dans « Pas de week-end pour notre amour », une comédie conçue autour du ténor-vedette de l’époque, Luis Mariano ; de Funès y tient le rôle secondaire du domestique-pianiste du baron (joué par Jules Berry), ce qui lui permet d’accompagner à l’écran des airs d’opérettes et autres morceaux de facture classique, mais également de jazz.
Ascension
En 1950, il est pianiste-comédien dans la troupe Les Burlesques de Paris de Max Révol lorsque Sacha Guitry lui confie plusieurs petits rôles, notamment dans « La Poison » (1951), « Je l’ai été trois fois » (1952),
« Si Paris nous était conté » (1955) et surtout « La Vie d’un honnête homme » (1953), où il a un rôle un peu plus consistant de valet de chambre « obséquieux et fourbe, presque inquiétant l’espace d’un plan ». Dans ce film, son personnage s’affine un peu plus — « il apparaît « au naturel », sans grimace ni moustache » — et il est associé pour la première fois à Claude Gensac.
En 1952, il rejoint la troupe des Branquignols dirigée par Robert Dhéry, bien que les circonstances de la rencontre entre de Funès et Dhéry varient considérablement en fonction des auteurs. Il y apparaît d’abord dans la revue « Bouboute et Sélection ».
« En 1952, mon père jouait « La Puce à l’oreille » de Feydeau [...]. À la fin de la représentation, mon père courait au petit théâtre Vernet [...] pour apparaître dans le premier sketch de Bouboute et Sélection [...] puis, il reprenait le métro pour rejoindre le cabaret où il incarnait un clochard »— Olivier de Funès
En 1953, on le remarque, aux côtés de Jean Marais et de Jeanne Moreau, dans le rôle de M. Triboudot, le photographe dans « Dortoir des grandes » d’Henri Decoin.
Puis il officie dans « Ah ! les belles bacchantes » en 1953. Cette revue obtient un grand succès — deux années de représentations — et contribue à le faire connaître.
De plus, intégré dans une troupe dédiée au comique, l’acteur, influencé par le jeu de Maurice de Féraudy, va perfectionner sa technique. Il tourne ses premiers films en couleurs l’année suivante dans l’adaptation à l’écran du spectacle par Jean Loubignac, mais aussi dans « La Reine Margot » de Jean Dréville (1954) .https://www.facebook.com/OscarCruchotLudovic/videos/377828089306890
Cette même année, il joue face à Fernandel dans « Le Mouton à cinq pattes » d’Henri Verneuil
et pour la première fois face à Bourvil dans « Poisson d’avril » de Gilles Grangier.
Jean-Paul Le Chanois, après lui avoir confié deux petits rôles dans « Sans laisser d’adresse » (1951)
et « Agence matrimoniale » (1952), lui offre le second rôle de M. Calomel dans la comédie populaire à succès « Papa, maman, la bonne et moi » (1954) et sa suite « Papa, maman, ma femme et moi » (1956). Courant les cachets, il tourne en 1954 pas moins de dix-huit films dans lesquels il n’obtient que des seconds rôles.
En 1956, il obtient un début de reconnaissance au cinéma dans « La Traversée de Paris », de Claude Autant-Lara, où il joue l’épicier Jambier. Il s’impose avec force face à Jean Gabin et Bourvil, dans une prestation de quelques minutes au cours de laquelle il dessine en quelque sorte son futur personnage : lâche devant « le fort » (Jean Gabin) et colérique devant « le faible » (Bourvil).
Même si le film a atteint aujourd’hui le statut de film culte, il connaît à sa sortie un succès public pour son « discours continûment ambivalent ». Dès l’année suivante, Maurice Regamey lui offre son premier rôle principal dans « Comme un cheveu sur la soupe ». Son interprétation d’un compositeur suicidaire vaut à l’acteur le Grand Prix du rire 1957, sa première récompense et le film, « petite production sans prétention, qui aurait dû passer inaperçue, [...] tient l’affiche de très longues semaines. »
Toujours en 1957, il est la tête d’affiche de « Ni vu, ni connu », d’Yves Robert, dans le rôle du braconnier Blaireau. Accompagné de son chien Fous le camp, cet « avatar rural de Guignoly » brave toutes les formes d’autorité et finit toujours par échapper au garde-chasse. Le film est un beau succès à sa sortie et vaut à l’acteur quelques articles laudateurs dans la presse, à l’instar de l’hebdomadaire France Dimanche, qui, dans son numéro du 20 septembre 1957, titre à la une : « Louis de Funès, l’acteur le plus drôle de France »
Il tient encore un rôle principal en 1958 dans « Taxi, Roulotte et Corrida », d’André Hunebelle. Ce film, tourné en Espagne, connaît un certain succès avec 2,542 millions d’entrées. Pourtant, la progression de sa carrière au cinéma marque une pause, et l’acteur va retourner à des films ou des rôles moins importants pour quelque temps.
Deux rôles décisifs
C’est d’abord au théâtre que la carrière du comédien va connaître une nouvelle accélération. Depuis ses débuts, l’acteur ne s’est jamais éloigné des planches et il reprend notamment, en 1957, aux côtés de Danielle Darrieux et Robert Lamoureux, le rôle créé par Raimu dans « Faisons un rêve » de Sacha Guitry. Le biographe de l’auteur, Jacques Lorcey, note : « Ce sera la dernière grande joie de notre Sacha [Guitry]. [...] Ce succès, obtenu par des vedettes tellement différentes des créateurs lui apporte la certitude que son théâtre lui survivra. »
En septembre 1959 pour les tournées Karsenty, il débute les répétitions d’« Oscar », une pièce de Claude Magnier créée à Paris l’année précédente avec Pierre Mondy et Jean-Paul Belmondo. À partir du 1er octobre, commencent les cent jours d’une tournée en province et en Afrique du Nord. Le succès est tel qu’on lui propose de reprendre la pièce à Paris en janvier 1961. D’abord hésitant, il accepte finalement. La pièce est un énorme succès, et sur scène, il multiplie les improvisations et les prouesses physiques : « Louis [de Funès] était carrément génial dans Oscar. Génial d’invention, de burlesque. Il avait amélioré le rôle. » — Pierre Mondy, créateur du rôle repris par de Funès. L’acteur reprendra « ce rôle fétiche » dans l’adaptation cinématographique de la pièce réalisée par Édouard Molinaro en 1967, puis à nouveau sur scène au début des années 1970 dans une mise en scène de Pierre Mondy.
En parallèle, il continue à tourner au cinéma comme en 1961 dans un petit rôle de barman dans « Le crime ne paie pas », le troisième film réalisé par Gérard Oury. Lors du tournage, alors qu’il tient le seul rôle comique du film, de Funès essaie de convaincre le réalisateur qu’il est fait pour tourner des films comiques : « Quant à toi, tu es un auteur comique, et tu ne parviendras à t’exprimer vraiment que lorsque tu auras admis cette vérité-là. »
La même année, il tient le double rôle des jumeaux Viralot, l’un chef du personnel et l’autre commissaire, dans « La Belle Américaine » de Robert Dhéry.
L’année suivante, il incarne un restaurateur colérique et cupide face à Jean Gabin dans « Le Gentleman d’Epsom » de Gilles Grangier.
En 1963, il retrouve la tête d’affiche avec Jacqueline Maillan dans « Pouic-Pouic », l’adaptation par Jean Girault de la pièce de boulevard « Sans cérémonie », qu’il avait écrite avec Jacques Vilfrid. De Funès avait participé à la création de la pièce en 1952 — il tenait le rôle du maître d’hôtel incarné par Christian Marin dans le film — mais la pièce n’avait pas connu le succès. Finalement, malgré cet insuccès et les difficultés rencontrées par le réalisateur auprès des producteurs pour monter le projet autour de l’acteur, ce film lui permet de retrouver un large public et marque le départ de la seconde partie de sa carrière qui ne verra plus sa popularité fléchir.
Dans Oscar comme dans Pouic-Pouic, de Funès incarne un homme aisé et irascible, ayant des difficultés avec sa progéniture : il décline son « personnage fétiche inspiré du Pantalon » de la commedia dell’arte. Il a alors créé son personnage comique : colérique, autoritaire, grimaçant, tout en énergie et « a gommé certaines outrances qui le parasitaient dans les années 1950. »
Consécration
Sa collaboration avec le réalisateur Jean Girault, également musicien, le fera jouer dans douze films : « Pouic-Pouic » (1963), « Faites sauter la banque ! » (1964),
la série des « Gendarme » (six films entre 1964 et 1982), « Les Grandes Vacances » (1967), « Jo » (1971), « L’Avare » (1980) et La « Soupe aux choux » (1981). Malgré les réticences des producteurs qui auraient préféré Darry Cowl ou Francis Blanche, Girault impose de Funès dans le rôle de Ludovic Cruchot, le héros du Gendarme de Saint-Tropez. Le film rencontre un succès considérable et installe l’acteur en haut du box-office pour la première fois. À peine deux mois plus tard, de Funès triomphe à nouveau dans le rôle du commissaire Juve de « Fantômas ». Dans ce film, construit sur la double composition (Fantômas/Fandor) de Jean Marais dans le premier rôle, de Funès transfigure son personnage et éclipse ses partenaires.
Pendant que les succès populaires s’accumulent, il tourne« Le Corniaud », réalisé par Gérard Oury, et où il partage l’affiche avec Bourvil. La sortie du film en mars 1965 est un nouveau triomphe (près de douze millions de spectateurs).
En 1966, il joue le rôle d’un directeur de restaurant dans « Le Grand Restaurant », puis d’un chef d’orchestre tyrannique de la France occupée dans « La Grande Vadrouille », de nouveau avec Bourvil comme partenaire et Oury comme réalisateur. Le film connaît un succès colossal et a longtemps détenu le record du plus grand nombre de places de cinéma vendues en France (plus de 17 millions de spectateurs).
Dans cette ère de succès où Louis de Funès est quasi-continuellement présent dans les salles, des producteurs et distributeurs peu scrupuleux tentent de capitaliser sur sa nouvelle popularité en ressortant d’anciens films où il apparaît. « Poisson d’avril » (1954) bénéficie ainsi d’une reprise, avec une nouvelle affiche sur laquelle son nom est placé au-dessus de celui de Bourvil, véritable star du film, alors que de Funès n’y est qu’un second rôle, pour laisser croire à une nouveauté du duo du « Corniaud » et de « La Grande Vadrouille ». Louis de Funès s’en insurge dans un entretien au printemps 1968 : « C’est de l’escroquerie au public. Ça me rend furieux ». Il révèle d’ailleurs que le producteur du film lui doit toujours « 50 000 francs de l’époque ». À l’été 1968, « Une souris chez les hommes » (1964), tourné après « Pouic-Pouic » et échec à sa sortie, sort sous un nouveau nom, « Un Drôle de Caïd », et son affiche présente Louis de Funès comme l’unique vedette, alors que le film est mené par un trio qu’il compose avec Maurice Biraud et Dany Saval, laquelle était la véritable star en 1964.
En janvier 1969, sortent en « exclusivité »« Les Grands Seigneurs » et « Les râleurs », qui sont en fait les reprises sous de nouveaux titres des films « Le Gentleman d’Epsom » (1962), qui enregistre ainsi 500 000 entrées supplémentaires grâce à son affiche Gabin-de Funès, quelques mois après « Le Tatoué », et « Certains l’aiment froide » (1959). Aussi, à partir de 1969, « Dans l’eau... qui fait des bulles ! » (1961) connaît plusieurs nouvelles exploitations sous les titres « Le garde-champêtre mène l’enquête », pour profiter du succès des films du Gendarme, et alors qu’il n’y a ni garde-champêtre, ni enquête dans le film, puis « Le Poisson sifflera deux fois ! ». Toujours en 1969, « Les Tortillards » (1960) ressort renommé « Les tortillards sont là », avec le nom de l’acteur trônant au-dessus de ceux des têtes d’affiche de la sortie originale, Jean Richard et Roger Pierre.
Le cas le plus extrême est la sortie de « Totò à Madrid » (1958) sous le titre « Un Coup fumant » : le distributeur s’offre la Une du Film français comme publicité en juillet 1968, avec une affiche où seul de Funès apparaît — avec une photo récente, et non tirée du film, sur laquelle a simplement été ajoutée une moustache comme dans le film — et où les noms des véritables têtes d’affiche Totò et Abbe Lane sont reléguées en dessous du sien.
De plus, le producteur italien Lux lance une procédure judiciaire pour « rupture abusive de contrat », car il n’a pas doublé le film en français comme il était prévu à l’époque, et réclame 1,5 million de francs de dommages-intérêts. L’acteur répond en l’attaquant pour « interprétation malicieuse de contrat ». La justice contraint le distributeur à n’utiliser que des images d’époque dans les publicités du film et à y indiquer la véritable date d’origine, et n’oblige pas de Funès à enregistrer de doublage en français. La diffusion du film est finalement prévue à partir du 24 septembre 1969 mais ne semble pas avoir eu lieu.
En 1971, « La Folie des grandeurs » de Gérard Oury doit marquer les retrouvailles de Funès et Bourvil, mais la mort de ce dernier interrompt le projet. Simone Signoret suggère alors le nom de Yves Montand à Oury, qui perçoit le potentiel du duo : « J’avais conçu pour Bourvil un rôle de valet de comédie genre Sganarelle. Montand sera plus proche de Scapin. » — Gérard Oury . Le tournage démarre après quelques modifications du scénario, et le film est un grand succès avec plus de 5,5 millions d’entrées à sa sortie.
Fin novembre 1971, au théâtre du Palais-Royal, il reprend « Oscar » , qu’il joue presque chaque soir, avec son fils Olivier, jusqu’en septembre 1972 avec une interruption pendant l’été (Oscar est jouée plus de quatre cents fois). À partir de mars 1973, il s’investit énormément dans le tournage des « Aventures de Rabbi Jacob » qui sort le 18 octobre de la même année, en acceptant de danser le célèbre ballet hassidique. C’est un nouveau triomphe avec plus de sept millions de spectateurs.
Le lendemain, le comédien est à nouveau sur les planches à la comédie des Champs-Élysées, pour ce qui fut sa dernière apparition au théâtre. Jusqu’au 25 avril 1974, il joue presque deux cents fois la pièce de Jean Anouilh, « La Valse des toréadors. »
À partir de là, il se repose au château de Clermont où le couple de Funès est souvent allé en vacances, car il était la propriété de Charles Nau de Maupassant, époux d’une tante paternelle de Jeanne de Funès, qui à la mort de celle-ci en 1963 hérite de la moitié du château. Après négociations avec les cohéritiers, le couple peut acquérir en 1967 le château inhabité depuis six ans, situé au Cellier en Loire-Atlantique ; il jardine beaucoup et refuse d’entreprendre quoi que ce soit en prévision du tournage très physique du prochain film de Gérard Oury, qui doit s’intituler « Le Crocodile ».
Dans ce film, dont le premier tour de manivelle est prévu pour mai 1975, et où il prévoit de donner la réplique à Régine Crespin, Aldo Maccione et Charles Gérard, Louis de Funès doit jouer le rôle d’un dictateur sud-américain, « un petit colonel cupide, teigneux, couard avec des faiblesses : le fric, sa femme, son fils ».
Santé fragile
Le 21 mars 1975, Louis de Funès fait un malaise dans son appartement parisien, puis est admis à l’hôpital Necker, où les médecins diagnostiquent un infarctus. Le 30 mars, alors que son état de santé semble s’être amélioré, il perd connaissance en pleine conversation avec son épouse : victime d’un second infarctus, il est sauvé in extremis et reste plus de deux mois à l’hôpital. La pré-production du film « Le Crocodile », déjà très avancée, est interrompue, puis le projet totalement annulé. L’acteur doit alors suivre un régime alimentaire adapté, sans boisson alcoolisée ou caféinée, et s’abstenir de consommer des plats énergétiques ce qui explique son amaigrissement, son vieillissement, son état diminué, visibles à partir de « L’Aile ou la Cuisse ». Il doit ralentir son rythme de travail et renonce définitivement à sa carrière théâtrale, incompatible avec son état.
Sa carrière au cinéma est aussi compromise car, outre sa condition physique amoindrie, les risques de rechute font que les assureurs ne veulent plus prendre le risque de le couvrir pour un film. Déterminé, le producteur Christian Fechner réussit finalement à obtenir un accord pour une assurance de onze semaines et prend le risque de produire « L’Aile ou la Cuisse » avec seulement une partie du tournage assurée.
Pour le grand retour de Louis de Funès, Christian Fechner aurait souhaité donner le rôle principal, celui de son fils Gérard, au nouveau comique montant du cinéma français : Pierre Richard. Mais celui-ci revient sur son accord après avoir lu le scénario et c’est Coluche qui partagera l’affiche avec de Funès. Lorsque le film sort le 27 octobre 1976, le public français plébiscite son retour – avec presque six millions d’entrées. Au sujet de cette période, le biographe Bertrand Dicale conclut : l’infarctus subi par l’acteur « signe la fin d’un certain âge d’or, même si commercialement ses derniers films sont des succès absolument gigantesques ».
L’acteur continue à tourner, à un rythme beaucoup moins soutenu, dans « La Zizanie » avec Annie Girardot en 1978
ou « Le Gendarme et les Extra-terrestres » en 1979. À chaque tournage, Christian Fechner impose la présence d’un service de secours, toujours proche du plateau, avec un cardiologue et une équipe de réanimation et une ambulance. Louis de Funès appréhende son comique d’une nouvelle manière, parce que, reconnaît-il « […] Je ne peux plus faire de la brutalité. Cette brutalité, cette colère est un produit que j’avais fabriqué pour un rôle et tous les metteurs en scène m’ont demandé ce produit […] Désormais, ce comique ne m’intéresse plus ».
En 1980, le comédien réalise son vieux rêve d’adapter au cinéma une pièce de Molière et d’en réaliser une version à son image. Mais « L’Avare » présenté sur les écrans ne rencontre qu’un modeste succès auprès du public (en 1964 déjà, il avait enregistré sur un disque 33 tours six textes de pièces de Molière, dont des extraits de L’Avare, et dix fables de Jean de La Fontaine).
Le 2 février 1980, lors de la 5e cérémonie des César, un mois avant la sortie en salles de L’Avare, Louis de Funès reçoit un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, des mains de l’acteur comique américain Jerry Lewis. La décision de l’Académie des arts et techniques du cinéma a été influencée par le fait qu’il se soit lancé dans la réalisation d’un film et parce que le projet de L’Avare symbolise l’union attendue du théâtre classique de Molière et du cinéma comique français populaire, déjà saluée par le ministre de la Culture Jean-Philippe Lecat lors d’une visite sur le tournage. Un extrait du film est projeté après que l’acteur a reçu sa récompense.
En hommage à Jean Gabin, mort en 1976, Louis de Funès initie la création du prix Jean-Gabin, qui est décerné de 1981 à 2008. Plus tard, un de ses fils lui conseille de lire le roman de René Fallet « La Soupe aux choux » qui, selon lui, a le potentiel de « faire un bon film ». Une adaptation au cinéma est tournée en compagnie de Jean Carmet et de Jacques Villeret, qui connaît un beau succès au box-office (3 093 319 entrées).
Derniers mois
Après « Le Gendarme et les Gendarmettes », de nouveaux projets attendent Louis de Funès. Malgré la mort de Jean Girault, un septième Gendarme est envisagé. Richard Balducci imagine plusieurs idées de suites et écrit notamment un scénario intitulé « Le Gendarme et l’Empereur », dans la veine science-fiction du cinquième film, où la brigade de Saint-Tropez envoyée dans l’espace à bord d’une soucoupe volante voyagerait dans le temps jusqu’à atterrir en pleine bataille de Waterloo, et rencontrerait Napoléon Ier. Le biographe Bertrand Dicale explique que, bien que Girault soit mort, la série de films pourrait se prolonger autant que Louis de Funès le désire, qu’il serait légitime de tourner autant de nouvelles suites qu’il veut.
D’autre part, pendant le tournage du « Gendarme et les Gendarmettes » en mai 1982, il déclarait dans un interview rêver de reprendre « Oscar » pour une centaine de représentations avant la fin de l’année. Il expliquait aussi avoir envie d’adapter le roman « Les Morticoles » de Léon Daudet, dans un film qu’il verrait bien réalisé par Georges Lautner ou Robert Hossein. Également, pendant la postsynchronisation du sixième Gendarme, il avait croisé dans les studios Gérard Oury, qui dirigeait alors celle de « L’As des as », et tous deux ont discuté du « Crocodile », allant même jusqu’à être tentés de relancer le projet. D’autres projets sont évoqués comme un film réalisé par Patrice Leconte, un nouveau film avec Coluche ou encore un film avec la chanteuse Chantal Goya.
Trois semaines avant sa mort, il vient deux jours à Paris et assiste à une représentation de la pièce « Papy fait de la résistance » de Christian Clavier et Martin Lamotte au théâtre du Splendid, avec Christian Fechner qui veut en faire un film avec lui. Le producteur pense que pour réitérer la réussite qu’avait été « L’Aile ou la Cuisse » avec Coluche, Louis de Funès doit tourner avec de nouveaux jeunes comiques. La pièce plaît à l’acteur et il rencontre les auteurs et acteurs après le spectacle pour parler de l’idée de film. Christian Clavier se souvient de la discussion ayant suivi : « On lui parle du film et, dans le hall du théâtre du Splendid, il nous campe en trois minutes sa version du Feldmarschall Ludwig von Apfelstrudel, complètement cauteleux et les pieds entravés. Je le revois avec son loden vert et ses yeux d’un bleu intense, j’étais fasciné ». Le second soir, Fechner l’emmène à un spectacle du Grand Orchestre du Splendid. Ces deux soirées l’ont rendu heureux selon Fechner, qui pense qu’il a apprécié de rencontrer cette jeune génération qui l’admire et désire travailler avec lui ; il se souvient d’un de Funès « d’une forme éblouissante » et « extraordinairement drôle » ces deux soirs.
En janvier 1983, après les vacances scolaires de Noël, il part en famille quelques jours à la montagne, mais l’altitude le fatigue beaucoup, il doit retourner au Cellier. Dans la soirée du 27 janvier 1983, il se couche très fatigué. En réalité victime d’un nouvel infarctus, il est emmené d’urgence en ambulance au Centre hospitalier universitaire de Nantes où il meurt à 20 h 30. Tous les médias ont fait leur une sur ce qui est vécu comme un drame national.
Bien que les obsèques soient prévues « dans la stricte intimité », plus de 3 000 personnes sont présentes dans l’église Saint-Martin du Cellier, bondée, dont certains compagnons de jeu comme Jean Carmet, Michel Galabru, Colette Brosset, le compositeur Raymond Lefebvre, mais également des personnalités comme Anne-Aymone Giscard d’Estaing, épouse de l’ancien président de la République Il est inhumé au cimetière du Cellier, le 29 janvier 1983.
VIE PRIVE
Mariages et enfants
Le 27 avril 1936, Louis de Funès épouse à Saint-Étienne sa première femme, Germaine Carroyer (1915-2011). Un enfant, Daniel (1937-2017), naît de cette union. Le couple se sépare en août 1939, après trois ans de mariage, mais le divorce n’est prononcé que le 13 novembre 1942.
Échappant à la mobilisation en raison de sa constitution malingre, il enchaîne pendant l’Occupation les petits boulots (étalagiste, cireur et gratteur de parquets…). Bientôt, Louis de Funès se fait engager comme pianiste de bar et rencontre Eddie Barclayn : « Louis de Funès, comme moi, ne déchiffrait pas la musique. Il avait de l’oreille. C’était un excellent musicien. Il ne parlait pas un jour d’être comédien. » Il joue dans un grand nombre d’établissements, enchaînant des soirées de douze heures, payé à la coupelle ou touchant un cachet de misère. Le cinéaste Georges Lautner indique : « Je l’ai rencontré en 1942 lorsqu’il était pianiste à la Madeleine. Dans un bistrot à Bagatelle, il tenait le piano à quatre mains. Lorsque ce dernier jouait seul, de Funès montait sur le piano et chantait. » Il se servira de cette capacité dans certains de ses films, tels que « Pas de week-end pour notre amour » , « La Rue sans loi », « Frou-Frou », « Le Corniaud », « La Grande Vadrouille », « Le Grand Restaurant » ou encore « L’Homme orchestre ».
Louis de Funès se remarie le 20 avril 1943 dans le 9e arrondissement de Paris, avec Jeanne Augustine Barthélemy, dite « Nau de Maupassant » (Nancy, 1er février 1914 - Ballainvilliers, 7 mars 2015), nièce de Charles Nau de Maupassant (sans lien de parenté avec l’écrivain Guy de Maupassant). Le couple habite alors un petit deux-pièces au 42 rue de Maubeuge.
Le 27 janvier 1944, naît son deuxième fils, Patrick et, le 11 août 1949, le troisième, Olivier, qui tiendra six rôles aux côtés de son père au cinéma « : Fantômas se déchaîne », « Le Grand Restaurant », « Les Grandes Vacances », « L’Homme orchestre », « Sur un arbre perché », « Hibernatus » et un rôle au théâtre dans Oscar.
Jeanne a souvent conseillé son mari dans le choix de ses films, négocié ses cachets, parfois discuté avec ses réalisateurs, créant des exaspérations. Sur le tournage de La Grande Vadrouille, Bourvil serait intervenu pour lui interdire le plateau. C’est elle qui choisit Claude Gensac pour jouer à l’écran l’épouse de Louis de Funès. L’actrice avait dit à propos de Jeanne : « Je pense que seule sa femme pouvait le gérer et le calmer. Elle l’a beaucoup soutenu ».
Selon son biographe Jean-Jacques Jelot-Blanc, « Dans sa vie privée, Louis de Funès n’était pas très drôle. Et ses compagnons de cinéma, acteurs, producteurs, ne l’aimaient pas beaucoup, mais il avait le public avec lui. De Funès était très timide et surtout très économe. Après une journée de tournage, il n’allait pas faire la fête avec les autres, il aimait cultiver ses roses et son potager. Cela s’explique notamment par son succès tardif.[…] Cela lui vaudra beaucoup de mépris de la part de certains acteurs, comme Jean Marais ».
Convictions religieuses et politiques
Fervent catholique, Louis de Funès est très pratiquant et possède, selon son confesseur, « une foi profonde ».
Ses idées politiques sont proches de celles du gaullisme. Il déclare beaucoup aimer Charles de Gaulle ainsi que Georges Pompidou, et avoir apprécié dans sa jeunesse la CGT et les réformes du Front populaire lorsque ont été accordés les premiers congés payés. Plusieurs sources d’extrême droite lui ont prêté des idées royalistes et traditionalistes, mais, s’il admirait le roi Louis XVI — il lui arrive d’assister à la messe annuelle commémorant son exécution —, il n’était apparemment pas royaliste.
Olivier de Funès raconte qu’en mai 68, son père s’intéresse peu au mouvement social, mais « trouve sympathique que des jeunes manifestent leurs griefs à l’égard des hommes politiques », qu’il n’apprécie pas ; il est en revanche effrayé par « la chasse aux sorcières qui se profile », « n’admet pas que des professeurs d’université, des journalistes ou même des patrons d’entreprise paient les pots cassés », fait souvent référence à la Terreur, et se moque de certains tribuns de la contestation. Pour Louis de Funès, les grèves et révoltes de mai 68 se traduisent par l’arrêt progressif du tournage du film « Le Gendarme se marie ». Alors que, par solidarité avec les autres grévistes français, les techniciens se retirent peu à peu, l’acteur continue pourtant de se présenter au maquillage chaque jour, pour marquer son opposition, n’étant préoccupé que par son filmbo. Le Syndicat français des acteurs l’enjoint de faire grève. La plupart des tournages en France, français ou étrangers, sont déjà interrompus, paralysés par les grèves ou par les pénuries d’essence. Ne parvenant pas à le convaincre d’arrêter le travail, Jean Girault fait appel à Daniel Gélin, alors en vacances à Saint-Tropez. Cet acteur, ami de Louis de Funès, lui fait remarquer que l’ensemble de l’équipe technique du film est de toute façon déjà à l’arrêt, qu’il se couvre de ridicule, et qu’il est possible que la gauche arrive au pouvoir en l’absence du général de Gaulle : « Si la gauche prend le pouvoir, ce sera comme l’épuration. Tu t’en souviens… Et tu seras montré du doigt ! ». Louis de Funès cesse de travailler le 24 mai Jean Girault a raconté que l’acteur, très inquiet, lui avait révélé l’emplacement d’un coffre contenant une grosse somme d’argent qu’il aurait enterré dans les jardins de son château, et qu’il lui demandait de remettre à sa femme et ses enfants au cas où cette révolte lui coûtait la vie ; une fois l’ordre revenu et les transports rétablis, l’acteur est retourné un week-end au Cellier et a déplacé son trésor. Le tournage du « Gendarme se marie » ne reprend que le 6 juin, après un vote à bulletins secrets de l’équipe.
Malgré ses opinions, il a des rapports cordiaux avec des personnalités de gauche. Lors du tournage de « La Folie des grandeurs », l’acteur s’entend parfaitement avec Yves Montand mais évite le sujet politique, Patrick de Funès expliquant que « Montand était obnubilé par une rhétorique socialo-communiste hermétique au commun des mortels : « Le pire, c’est qu’il est sincère, il y croit à ses histoires, disait mon père. C’est vraiment casse-bonbons ». Durant son long séjour à l’hôpital après son double infarctus en 1975, Louis de Funès écrit ou converse longuement au téléphone avec Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français, lui aussi victime d’un infarctus la même année. Néanmoins, Michael Lonsdale raconte que sur le tournage d’Hibernatus en 1969, Jeanne de Funès cherchait à connaître les opinions politiques de tous les membres de l’équipe pour s’assurer qu’il n’y ait pas de gens d’extrême gauche, de communistes.
Louis de Funès n’affiche pas publiquement ses opinions, jugeant qu’un acteur ne doit pas s’engager politiquement ; mais en 1981, alors que la droite semble sur le point de perdre le pouvoir, il apporte pour la première fois son soutien à un homme politique. Avec des artistes comme Brigitte Bardot et Alain Delon, il fait ainsi partie des acteurs appelant à voter pour Valéry Giscard d’Estaing lors de l’élection présidentielle. Il participe notamment à une réunion publique pour la réélection du président pendant l’entre-deux tours, le 3 mai 1981, sous le chapiteau de la porte de Pantin. Selon Patrick de Funès, il aurait soutenu Giscard pour s’attirer les bonnes faveurs de Marcel Dassault pour la carrière de pilote de son fils Olivier, qui ne trouvait alors pas de travail, mais avait fait là une erreur puisque l’avionneur était le soutien de Jacques Chirac. Bien que n’appréciant pas le nouveau président socialiste, François Mitterrand, qu’il trouve dédaigneux, il est ému par l’abolition de la peine de mort.
TRAVAIL D’ACTEUR
Art du comique
Selon le comédien Dominique Zardi, le « roi des troisièmes couteaux » avec plus de cinq cents films à son actif dont une dizaine aux côtés de Louis de Funès, ce dernier était un acteur déjà très perfectionniste à ses débuts : il déclare à son sujet que « c’est d’ailleurs pour ça que beaucoup de gens l’ont considéré comme un voleur de rôles car dès qu’il apparaissait à l’écran, c’était fini, il emportait tout et on ne voyait que lui ».
Les critiques de cinéma sont partagés sur son talent, certains louent le « comique complexe » du numéro 1 du « comique à la française », même si d’autres considèrent très dommageable que, comme d’autres grandes vedettes françaises, hormis pour quelques films comme « L’Avare », il n’ait « pas toujours [eu] la main heureuse dans le choix de [ses] metteurs en scène ». Pierre Bouteiller, critique sur France Inter, relativise cela en rappelant qu’« on allait voir un film de de Funès, on n’allait pas voir un film avec de Funès ». Jean-Louis Bory méprise le cinéma « franchouillard » de Louis de Funès et ses « films dont on dit qu’ils sont hilarants. Comme les gaz. Et qu’on projette, comme il est naturel, dans des chambres à gaz camouflées en salles de cinéma : les gens n’y voient que du feu et ils s’y précipitent, les malheureux ». Le basculement de beaucoup de critiques a lieu pour « La Grande Vadrouille ». Henry Chapier, pourtant peu suspect de tendresse à l’égard du cinéma dit « commercial », aime ce « conte féerique et burlesque » : pour lui, « La Grande Vadrouille est au cinéma de divertissement ce que « Pierrot le fou » est au cinéma d’art et d’essai ».
Louis de Funès a su marier dans son jeu cinq formes comiques qui ont fait son succès : le comique de gestes, le comique de situation, le comique de langage, le comique de caractère, le comique de répétition.
Les capacités du comédien à mimer et à faire des grimaces sont les principaux aspects de son humour. Beaucoup de ses mimiques et grands gestes sont très proches des gags de dessins animés, c’est le cas notamment dans « Oscar », dans la fameuse scène de l’énorme crise de nerfs, quand par exemple il tire sur son nez comme si c’était un élastique et quand il le relâche il reçoit un coup en pleine figure, et on pourrait en citer bien d’autres de cette même séquence. Ces gags de dessins animés apparaissent également dans « La Folie des Grandeurs », entre autres dans la scène du bain, où Yves Montand fait passer la serviette par les oreilles de Louis de Funès. Le mime est pour lui essentiel pour ponctuer ses mots : « Quand on décrit une forme de bouteille avec ses deux mains, expliquait-il en joignant le geste à la parole, la bouteille est là, on la voit. Elle flotte un instant dans l’espace, même quand le geste est terminé. »Il joue aussi beaucoup sur la répétition dans une scène de ses gestes ou paroles. De plus, le ressort de son humour est aussi capté dans le caractère excessif des sentiments et émotions qu’il exprime, que ce soit la peur ou le désespoir – feint ou réel – de son personnage. Il excelle en particulier dans l’expression de la colère : grognements, bruits de la bouche, gifles répétitives sur les autres personnages, grands gestes, etc. Ses rôles se prêtaient volontiers à ce jeu : ses personnages sont souvent hypocrites, antipathiques, sans être, la plupart du temps, méchants ou incapables de rédemption. De Funès disait que rien ne le faisait plus rire, dans la vie courante, qu’une personne en engueulant une autre, sans que cette dernière puisse répliquer. Il évitait les ressorts sentimentaux. Ainsi il n’a donné que trois baisers de cinéma de toute sa carrière : le premier dans le film « le Dortoir des grandes » d’Henri Decoin où il embrasse l’actrice Line Noro sur la bouche ; le deuxième dans « Comme un cheveu sur la soupe » dans la scène finale où il demande à Noëlle Adam qui l’a embrassé sur la joue de l’embrasser sur la bouche ; enfin dans « La Zizanie », où de Funès et Annie Girardot se font un bref baiser.
Sa petite taille (1,64 m) contrastait avec celle de ses partenaires plus grands (par exemple Bourvil avec 1,70 m, dans la moyenne nationale, et Yves Montand qui s’approchait des 1,85 m) et ajoutait un autre élément comique au personnage.
Art du déguisement
Même s’il n’a pas souvent eu l’occasion d’y recourir dans les nombreux films auxquels il a participé, de Funès portait volontiers des déguisements pour accentuer, parfois jusqu’à l’outrance, les situations comiques dans lesquelles il faisait évoluer ses personnages.
On peut retenir parmi tous ces déguisements et caricatures : son déguisement en poète maniéré portant une perruque dans « Le Grand Restaurant », en femme voilée, en général et en Thierry la fronde dans « Le Gendarme de Saint-Tropez », en Chinois et en policier américain dans « Le Gendarme à New York », en marin, en buisson et en hippie dans « Le Gendarme en balade », en religieuse dans« Le Gendarme et les Extra-terrestres », en gendarmette dans « Le Gendarme et les Gendarmettes », en pirate, en évêque et en colonel de l’armée italienne dans « Fantômas se déchaîne », en Écossais portant le kilt et en fantôme dans « Fantômas contre Scotland Yard », en marinier belge dans « Les Grandes Vacances », en kayakiste dans « Le Petit Baigneur » sans oublier les costumes de la Belle Époque dans « Hibernatus, » en mécanicien dans « Le Corniaud », en soldat allemand au casque trop grand dans « La Grande Vadrouille », en Grand d’Espagne et en dame de la cour dans « La Folie des grandeurs », en rabbin hassidique dans « Les Aventures de Rabbi Jacob », en vieille femme, en Américain et en chauffeur dans L« ’Aile ou la Cuisse », en Harpagon dans « L’Avare » (avec sa coiffe et sa queue en plumes de paon) mais on retiendra avant tout son déguisement de gendarme dans la série du Gendarme.
DUOS CELEBRES
Le talent du comédien fonctionnait bien dans le cadre de duos réguliers ou occasionnels avec des acteurs très divers. Claude Gensac, connue pour le surnom que Cruchot lui donne dans la série des Gendarmes : « Ma biche », fut la complice féminine des personnages de de Funès ; elle a souvent joué sa femme à l’écran, à tel point que beaucoup de Français croyaient (et croient encore) que Claude Gensac était aussi sa femme dans la vie. Elle a en fait joué avec lui dans onze films répartis sur une période de trente ans. Ils font connaissance au début de l’année 1952 lorsqu’elle est encore fiancée à Pierre Mondy, le partenaire de de Funès dans la pièce « La Puce à l’oreille ». Lors de leur première rencontre effective au cinéma (fin 1952 dans « La Vie d’un honnête homme », un mois après leur confrontation théâtrale dans « Sans cérémonie »), et alors qu’ils forment un duo de serviteurs, elle apparaît à demi-dénudée sous la main baladeuse de Michel Simon.
L’acteur a aussi beaucoup joué avec Michel Galabru, son supérieur dans la série des Gendarmes, en lui servant de faire-valoir burlesque. Plusieurs scènes de « La Folie des grandeurs » sont restées célèbres, comme le réveil avec les rimes en « or » ou le nettoyage des oreilles, et font tout de suite penser à Yves Montand. Louis de Funès a aussi joué de célèbres scènes avec Coluche dans« L’Aile ou la Cuisse ». Mais son duo le plus marquant est celui formé avec Bourvil dans Le « Corniaud » et surtout dans La Grande Vadrouille.
Il a aussi joué avec son fils, Olivier de Funès, dans « Les Grandes Vacances », « L’Homme orchestre », « Le Grand Restaurant », « Sur un arbre perché », « Fantômas se déchaîne » et « Hibernatus ». D’autres acteurs ont joué plusieurs fois avec lui, comme Bernard Blier (« Les Hussards », « Jo » et « Le Grand Restaurant »), Jean Gabin (« Le Tatoué », “La Traversée de Paris” et « Le Gentleman d’Epsom »),
« Jean Marais » (« Le Capitaine Fracasse », « Fantômas », « Fantômas se déchaîne » et « Fantômas contre Scotland Yard »), Maurice Risch (« Les Grandes Vacances », « Le Grand Restaurant », « La Zizanie » et certains épisodes du « Gendarme de Saint-Tropez »), Michel Simon (« La Vie d’un honnête homme »)… Il fut également aux côtés de Fernandel dans « Le Mouton à cinq pattes », « Mam’zelle Nitouche » , ainsi que sur disque dans « Un client sérieux » de Georges Courteline en 1954. Il a également joué avec le duo Guy Grosso et Michel Modo dans La série des Gendarmes ou encore « Le Grand Restaurant » et aussi dans des films où les deux acteurs jouent des rôles secondaires comme « Le Corniaud », « La Grande Vadrouille »,« L’Avare », etc. Second rôle connu, Noël Roquevert est l’acteur ayant le plus tourné avec Louis de Funès, dans vingt-trois films.
SENS ARTISTIQUE ET MUSICAL
Selon Colette Brosset, Louis de Funès avait « la musique et la danse dans la peau ». Sa capacité à assimiler et à servir une chorégraphie était étonnante Ses arabesques font merveille dans des films comme « Ah ! les belles bacchantes », « Le Grand Restaurant », « L’Homme orchestre » ou « Les Aventures de Rabbi Jacob. » Dans « Taxi, Roulotte et Corrida », il exécute un flamenco. Perfectionniste, il indiquera par rapport à sa célèbre prestation de danse hassidique : « Il faut que je danse aussi bien que les danseurs juifs. L’effet comique ne vient pas du ridicule, au contraire » — Louis de Funès
Ses talents de pianiste apparaissent également dans les films suivants : « Comme un cheveu sur la soupe » de Maurice Regamey, « Je n’aime que toi », de Pierre Montazel, Frou-Frou, d’Augusto Genina, ou encore « Ah ! les belles bacchantes », de Jean Loubignac (avec Francis Blanche au chant, dans « Chanter sous le soleil », des célèbres Bouvart et Ratinet). Travailleur acharné, par respect pour les artistes professionnels, il préfère éviter paradoxalement le piano loisirs.
RAYONNEMENT INTERNATIONAL
Outre la France, les films de Louis de Funès connaissent à leur sortie une grande popularité dans plusieurs pays européens, comme l’Italie, le Royaume-Unidu et l’Allemagne, mais également l’URSS et sa zone d’influence d’Europe de l’Est. Il est ainsi particulièrement célèbre en République tchèque, où il est doublé au début des années 1960 par le célèbre acteur tchèque František Filipovský, dont de Funès déclare à son sujet qu’il est son meilleur comédien de doublage, certains fans tchèques n’hésitant pas à préférer sa voix à l’original. Encore aujourd’hui, la série des Gendarmes reste populaire pour les Tchèques.
Malgré son succès européen, Louis de Funès reste relativement inconnu aux États-Unis jusqu’en 1973-1974 et ses fameuses « Aventures de Rabbi Jacob », nommées pour un Golden Globe du meilleur film étranger en 1975.
DISCTINCTIONS
Louis de Funès, comparé aux autres artistes de son époque et au nombre de films qu’il a tournés, n’a pas reçu un nombre très important de récompenses.
En 1957, il reçoit le premier prix de sa carrière, le Grand Prix du rire, pour son rôle dans « Comme un cheveu sur la soupe » de Maurice Regamey. Huit ans plus tard, lors de la 20e nuit du cinéma au théâtre Marigny, fin octobre 1965, Gina Lollobrigida lui remet une Victoire du cinéma pour son rôle dans « Le Gendarme de Saint-Tropez ». En 1967, il reçoit le prix Courteline pour son rôle dans le film « Les Grandes Vacances ». Le 15 mars 1973, il est fait chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur, honneur qu’il reçoit des mains de Gérard Oury. En 1975, les lecteurs du magazine allemand Bravo (en) lui attribuent le « Bravo Otto » de bronze du meilleur acteur de cinéma. Également en Allemagne, certains de ses films reçoivent le Goldene Leinwand, récompense décernée à des films ayant réalisé un box-office exceptionnel. Début 1980, il reçoit un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, remis par Jerry Lewis. Enfin, de façon posthume, Louis de Funès est classé 17e des 100 plus grands Français de tous les temps, classement établi en mars 2005 pour la chaîne de télévision France 2 .
Dix ans après la mort de Louis de Funès, en 1993, Gérard Oury reçoit un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, au nom du « cinéma comique français », et offre la récompense à Jeanne de Funès, en hommage à son époux.
Sa renommée lui vaut également de rencontrer d’importants personnages politiques. Le 7 décembre 1967, il est reçu au palais de l’Élysée par le général de Gaulle — qui l’appelle « Maître », comme le veut la tradition envers les comédiens — pour un dîner officiel, en compagnie de son épouse et d’autres grandes personnalités de la culture. En 1971, ou le 1er mars 1972, il joue exceptionnellement Oscar dans le jardin d’hiver de l’Élysée devant l’ensemble du gouvernement, à la demande du président de la République Georges Pompidou. Quelques jours plus tard, le prince Rainier III l’invite à venir jouer la pièce au palais princier de Monaco, à n’importe quel prix, mais l’acteur refuse, ayant un mauvais souvenir avec Grace de Monaco. Sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, il est notamment invité à un dîner officiel, à la demande du président du Gabon, Omar Bongo, en visite en France. Le Shah d’Iran est plusieurs fois venu voir Oscar au théâtre lors de ses visites en France. Le ministre de la Culture Jean-Philippe Lecat rend visite au tournage de L’Avare. Lors du tournage du même film dans l’oasis tunisienne de Nefta, il rencontre le président tunisien Habib Bourguiba, qui lui récite la tirade de Flambeau dans L’Aiglon d’Edmond Rostandax.
DE FUNES DANS LA CULTURE POPULAIRE
Ses traits apparaissent dans l’album de Lucky Luke intitulé « Le Bandit manchot », où un personnage inspiré de lui est l’un des joueurs de cartes professionnels de Poker Gulch, une ville placée sous le signe du jeu. Il est affublé d’un subalterne, un petit malfrat du nom de Double-six, inspiré de l’acteur Patrick Préjean.
Dans un autre genre, Valère Novarina publie aux éditions Actes Sud en 1986 un éloge, « Pour Louis de Funès » : « Il n’était pas de bon ton de l’apprécier. Ce n’était pas assez chic. Alors que c’était un très grand acteur de théâtre. J’ai fait parler Louis de Funès comme quelqu’un d’autre a fait parler Zarathoustra ». Ce texte sur Louis de Funès a donné lieu à plusieurs versions pour la scène, notamment celle créée au Théâtre d’Angoulême par Dominique Pinon le 4 décembre 1998, dans une mise en scène de Renaud Cojo. De son côté, Marcel Gotlib utilise sa plume dans le « tome III de sa Rubrique-à-brac », où il affuble Louis de Funès d’une perruque, pour y supplanter Bourvil dans « Le Rectangle vert », librement inspiré du « Cercle rouge » de Jean-Pierre Melville, après l’avoir déjà croqué dans le tome I en tant qu’agent de police où il met fin à une bagarre survenue entre deux marionnettistes en pleine représentation.
Dans les années 2000, Alexandre Astier, véritable admirateur, lui dédie sa série télévisée « Kaamelott ». On peut d’ailleurs entendre dans la scène finale du dernier épisode de la série, Dies Irae, le thème principal de « Jo » pendant que la phrase de dédicace apparaît à l’écran.
SYNTHESE DE SES OEUVRES
Théâtre
1926 : « Le Royal Dindon » de Luigi Bordèsen
1944 : « L’Amant de paille » de Marc-Gilbert Sauvajon
1945 : « Image anglaise » de Jacques Armand
1945 : « La Maison de Bernarda Alba » de Federico García Lorca
1946 : « Winterset » de Maxwell Anderson,
1946 : « L’Île grande » de Henriette Valet,
1948 : « Thermidor » de Claude Vermorel,
1949 : « Le Journal de Jules Renard », sketchs inspirés de l’œuvre de Jules Renard
1949 : « Un tramway nommé Désir » de Tennessee Williams,
1950 : « Le Fils du rémouleur » de Max Révol,
1951 : « Vache de mouche » de Michel Emer,
1951 : « La poison » de Sacha Guitry,
1951 : « Dominique et Dominique » de Jean Davray,
1952 : « La Puce à l’oreille » de Georges Feydeau,
1952 : « La Peur des coups » de Georges Courteline,
1952 : « Bouboute et Sélection » ou « Café liégeois » de Robert Dhéry
1952 : « Sans cérémonie » de Jacques Vilfrid et Jean Girault,
1953 : « Ah ! les belles bacchantes » de Dhéry, Francis Blanche et Calvi
1955 : « Ornifle ou le Courant d’air » de Jean Anouilh,
1955 : « Nekrassov » de Jean-Paul Sartre, mise en scène Jean Meyer,
1955 : « Poppi » de Georges Sonnier, mise en scène Pierre Valde,
1957 : « Faisons un rêve » de Sacha Guitry, mise en scène de l’auteur,
1959 : « Oscar » de Claude Magnier, mise en scène Jacques Mauclair,
1961 :« Oscar » de Magnier, mise en scène Mauclair,
1962 : « La Grosse Valse » de Robert Dhéry, sur une mise en scène de l’auteur,
1971-1973 : « Oscar » de Magnier,
1973-1974 : « La Valse des toréadors » de Jean Anouilh,
Filmographie
Débuts
« Boniface somnambule » (1951) de Maurice Labro
Le Mouton à cinq pattes (1954) d’Henri Verneuil
Poisson d’avril (1954) de Gilles Grangier
Ah ! les belles bacchantes (1954) de Jean Loubignac
La Traversée de Paris (1956) de Claude Autant-Lara
Accès au graal du rôle principal ; premiers rôles marquants
Comme un cheveu sur la soupe (1957) de Maurice Régamey
Ni vu, ni connu (1958) d’Yves Robert
Taxi, Roulotte et Corrida (1958) d’André Hunebelle
« Mon pote le gitan » (1959) de François Gir
« Certains l’aiment froide » (1960) de Jean Bastia
« Les Tortillards » (1960) de Jean Bastia
Le garde-champêtre mène l’enquête (1961) de Maurice Delbez
Le Gentleman d’Epsom (1962) de Gilles Grangier
« Nous irons à Deauville » (1962) de Francis Rigaud
« Carambolages » (1963) de Marcel Bluwal
Reconnaissance et gloire populaire
Pouic-Pouic (1963) de Jean Girault
La série du Gendarme de Saint-Tropez (six films réalisés de 1964 à 1982) de Jean Girault
Faites sauter la banque ! (1964) de Jean Girault
« Des pissenlits par la racine » (1964) de Georges Lautner
Un drôle de caïd (1964) de Jacques Poitrenaud
La trilogie Fantômas (1964 à 1967) d’André Hunebelle
Le Corniaud (1965) de Gérard Oury
Le Grand Restaurant (1966) de Jacques Besnard
La Grande Vadrouille (1966) de Gérard Oury
Oscar (1967) d’Édouard Molinaro
Les Grandes Vacances (1967) de Jean Girault
Le Petit Baigneur (1968) de Robert Dhéry
Le Tatoué (1968) de Denys de La Patellière
« Hibernatus » (1969) d’Édouard Molinaro
« L’Homme orchestre » (1970) de Serge Korber
« Sur un arbre perché » (1971) de Serge Korber
Jo (1971) de Jean Girault
La Folie des grandeurs (1971) de Gérard Oury
Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury
L’Aile ou la Cuisse (1976) de Claude Zidi
La Zizanie (1978) de Claude Zidi
L’Avare (1980) de Jean Girault et Louis de Funès
La Soupe aux choux (1981) de Jean Girault
Musique
Louis de Funès a interprété de nombreuses chansons sur scène, à l’écran ou sur disque, parmi lesquelles :
1962 : Pour toi, Dans mes godasses, C’est défendu et Comme la douane dans La Grosse Valse de Robert Dhéry, musique Gérard Calvi, avec Guy Grosso, Michel Modo, Pierre Tornade et Jacques Legras
1967 : Ferme tes yeux mon bébé, mélodie et paroles de « mémé Fourchaume » dans Le Petit Baigneur
1970 : Les Poupons (ou Quand tu fais « La la la - la la »), musique François de Roubaix, paroles Jean Halain et Remo Forlani, dans L’Homme orchestre avec son fils Olivier
1981 (24 décembre) : Le Divin Enfant sur le plateau du Grand Anniversaire, émission de variétés de FR3 animée ce soir-là par Guy Béart.