Le cinéma de la Centre Afrique

  • Mis à jour : 26 août 2020

"La Centrafrique est un pays qui a beaucoup de problèmes économiques. Le cinéma est quand même un luxe. En France, c’est un luxe accepté comme une nécessité. Chez nous c’est un luxe qui l’est d’autant plus que de nombreux problèmes - santé, école - ne sont pas encore résolus. Ça paraît encore plus fort." Bassek Ba Kobhio

HISTORIQUE

DE NOS JOURS

En Centrafrique, le cinéma reprend des couleurs Une dizaine de réalisateurs formés, une salle inaugurée le 2 février 2019. Le nouveau cinéma centrafricain veut donner une autre image du pays que la guerre et la division.

Depuis 2017, ils sont une dizaine de réalisateurs à avoir bénéficié d’une solide formation. Dix premiers films ont été réalisés et sélectionnés dans différents festivals internationaux. Rafiki Fariala a été récemment à Biarritz pour le Fipadoc, pour présenter son film,« Mbi na Mo » ». Avant son arrivée à Bangui en octobre 2016, Olivier Colin, le directeur de l’Alliance française avait imaginé avec les Ateliers Varan et le réalisateur français Boris Lojkine, une série de stages destinés à de jeunes Centrafricains. Après sélection des candidats, une première résidence a eu lieu en 2017, intense et fructueuse.
Treize films étaient en tournage. Les réalisateurs, qui se réunissent régulièrement, s’entraident sur leurs projets respectifs. En parallèle, ils travaillent avec des institutions ou des ONG. Pour eux, l’objectif est de créer une société coopérative. « Leur ambition est d’être autonomes.

Elvis Sabin Nagibino

Elvis en est à son troisième film tourné en Centrafrique. Le premier a été réalisé « avec les moyens du bord » après ses études de géologie.
Né en 1990, Elvis Sabin Ngaïbino a étudié la géologie. Passionné du septième art, il a également fondé avec des amis l’Académie du Cinéma Centrafricain en 2012. Sans beaucoup de moyens, il a d’abord réalisé des films pour la télévision centrafricaine, avant de bénéficier d’une formation au documentaire prodiguée par les Ateliers Varan et l’Alliance française de Bangui
Ngaïbino réalise en 2017 un court-métrage, « Docta Jefferson », sur un agent de santé qui exerce la médecine sans diplôme, tiraillé entre sa conscience et le besoin de nourrir sa famille. « Makongo », 72 minutes, entérine son passage au format long.

Christian Ousseine

Christian Ousseine est né à Bimbo en République centrafricaine en 1993. Après deux ans en RDC pour fuir la crise centrafricaine, il revient à Bangui, passe le bac et entreprend des études de génie civil. En parallèle, il fonde une école pour enseigner aux jeunes des quartiers la Capoeira. En 2017, il participe au premier atelier à Bangui et réalise « Bé ti leguè », sa toute première expérience de cinéma.
Raconter le pays dans des documentaires ou de petites fictions,« cela crée une forme d’identification pour le public, et ça participe à la cohésion nationale ». Il a réalisé son premier film sur les enfants des rues.

Rafiki Fariala

Son premier court-métrage « MBI NA MO » - d’une durée de 28 minutes - a été sélectionné pour la compétition du Fipadoc à Biarritz, consacré aux documentaires.
Rafiki Fariala y capte des bribes de la vie quotidienne d’Agou, chauffeur de moto-taxi, et de sa femme Emilie. Agou a un accident, ce qui porte dangereusement préjudice à l’avenir du couple, puisque Émilie doit se faisant arrêter d’étudier, et que leur rêve d’enfant s’en trouve compromis.

Une salle de cinéma à Bangui

La salle du nouveau cinéma de Bangui a été inauguré le 2 février 2019. Là encore, c’est Olivier Colin qui a trouvé environ 100 000 euros de financements pour rénover ce bâtiment et en faire une salle moderne, pluridisciplinaire, « avec des caissons anti-réverbération pour une meilleure propagation du son. (…) Les cinémas qui existaient il y a des décennies fonctionnaient bien, insiste-t-il. Les Centrafricains aiment le cinéma. Je fais le pari que la culture et le cinéma sont les meilleures armes pour le vivre-ensemble. »

Un credo largement partagé par le directeur de la Cinématographie centrafricaine, Prince Koyagbele, qui veut faire du cinéma un outil pour améliorer l’image de son pays. Depuis la mort de son illustre prédécesseur, Didier Ouenangaré, le premier à avoir occupé ce poste de directeur, il y a eu peu d’évolution, reconnaît-il, mais « le ministère de la communication a des ambitions ». Avant la crise, il y avait cinq salles à Bangui et d’autres en province, mais elles ont progressivement fermé, pour la plupart « transformées en églises ». « Je suis en train de mener des démarches avec une salle privée appartenant à une famille. Elle contient encore tous les éléments pour diffuser des films. »

En parallèle, il travaille avec d’autres partenaires, comme le Cinéma numérique ambulant (CNA), qui a déjà permis de diffuser les dix premiers films produits par les jeunes réalisateurs à travers tout le pays, non sans difficultés, liées au climat sécuritaire incertain et à quelques problèmes techniques surmontés.

Bien que manquant cruellement de financements, Prince Koyagbele est persuadé qu’avec les partenariats privés et institutionnels, cette dynamique va participer à la reconstruction du pays. Il souhaite à terme monter un Festival international du film centrafricain, « personne ne peut parler mieux de la Centrafrique qu’un Centrafricain. Nous voulons produire des films pour montrer la valeur intrinsèque de la RCA, ses paysages magnifiques, ses visages, montrer sa cohésion. »

LES REALISATEURS

- Didier Ouenangaré.
Didier Florent Ouénangaré (1953–2006) était un réalisateur centrafricain , surtout connu pour sa collaboration avec le cinéaste camerounais Bassek Ba Kobhio sur Le « Silence de la forêt » , adaptation d’un roman d’ Étienne Goyémidé .

- Sylviane Gboulou

Sylviane GBOULOU a fait ses débuts au Gobi Festival organisé par le grand metteur en scène Vincent MAMBACHAKA à l’Espace Linga-Tèrè (2001-2002). Elle est élue Miss Centrafrique en 2001. En 2008, elle constate un manque dans le cinéma centrafricain et réalise le film "Sophia la Banguissoise" dont elle incarne le rôle principal. Soucieuse de la situation des étrangers en France, elle réalise son deuxième film "Bienvenu en France".
Dans un souci de perfectionnement, elle intègre la grande école "" (FORMATION PROFESSIONNELLE DE COMÉDIENS DEPUIS 1980 PARIS - NEW YORK - Acting International Paris HOLLYWOOD - LONDRES)
Sylviane BOULOU fut rappeuse dans le groupe Bangos Rap, actrice-réalisatrice d’une série a 3 épisodes « Sophie la Banguissoise », et « Bienvenue en France ».

- Didier Ouénangaré
Didier Ouénangaré, 50 ans, est né à Bambari en République Centrafricaine. Après des études de cinéma à Abidjan (Côte d’Ivoire), il est diplômé de l’Université de Rennes. Depuis 1995, il réalise de nombreux films courts et documentaires en République Centrafricaine. « Le silence de la forêt », qu’il a également co-écrit, est son premier film de fiction.

FESTIVAL INTERNATIONAL DU CINEMA

Centrafrique : « Bangui fait son cinéma » du 07 au 14 novembre 2020 : central africain
Dans un contexte bien particulier où tous les continents sont confrontés à la pandémie du Covid-19, où tant bien que mal les nations reprennent le cours de leur marche, l’Afrique et la République Centrafricaine, elles aussi, ne sont pas en reste.
A Bangui, à l’heure où les autorités s’activent dans l’organisation des prochaines élections groupées, le Ministère de la Culture s’active aussi dans ses domaines de
compétence et se prépare à recevoir à Bangui, capitale de la République Centrafricaine, un grand événement, « Bangui Fait Son Cinéma »,
« Bangui Fait Son Cinéma » est une initiative de l’Association Centrafricaine pour la Promotion Audiovisuelle et le Développement (ACPAD) créée depuis le 24 septembre 2014 par Pauline Sylviane GBOULOU MPAPONDO, Cinéaste-Productrice et Réalisatrice, Chef d’équipe du Projet BFSC.
L’objectif premier de cette organisation est de mettre en lumière les films réalisés par ou pour les africains dans le monde afin de donner une image positive de l’Afrique mais aussi faire rêver la jeune génération désespérée. « Bangui Fait Son Cinéma » est une chaîne de solidarité entre praticiens du cinéma ayant la fibre africaine en partage ou sympathisants de la cause du continent.

LES ACTEURS ET ACTRICES

- Ida Mabaya

Révélée au cinéma dans « Bienvenue en France », de la réalisatrice centrafricaine Sylviane Gboulou, l’actrice montante entend faire parler de la Centrafrique autrement que par le conflit qui mine son pays. Rencontre.

- Fiacre Bindala

Repéré par Boris Lojkine, Fiacre Bindala s’est imposé naturellement aux yeux du réalisateur de CAMILLE. Son charisme et son authenticité lui ont permis d’incarner le personnage de Cyril, librement inspiré d’un jeune étudiant rappeur, vraie connaissance de Camille Lepage mais aussi de Rock Mokom, le chef anti-balaka avec qui Camille a disparu.
Travaillant aujourd’hui dans une ONG à Bangassou, sa performance marquera ce récit unique au cinéma.

LES FILMS TOURNES EN REPUBLIQUE CENTRE AFRICAINE

- « Camille » -
Film dramatique franco-centrafricain coécrit et réalisé par Boris Lojkine, sorti en 2019. Le film est centré sur la vie de la photo-reporter Camille Lepage, durant la guerre civile de République centrafricaine de 2013-2014.
Synopsis = 2013 en Centrafrique : le pays est ravagé par une guerre civile. La jeune photo-reporter Camille y arrive pour concilier ses deux passions : l’Afrique et la photographie. Mais le chaos qui règne dans le pays va vite la rattraper.

- « Makongo » -
Makongo a été le coup de coeur de la Cinémathèque Afrique de l’Institut français à la Mostra de Venise en 2019, et a également obtenu le prix de la Société civile des auteurs multimédia au festival Cinéma du réel 2020. Synopsis = Dans Makongo, deux pygmées, appelés André et Albert, peinent à survivre dans la forêt. Souvent humiliés et moqués en raison de leur différence, ils subissent sans arrêt brimades et injustices diverses. On le voit clairement lors d’une scène de vente de chenilles au marché de Bangui. Ces chenilles, qui donnent leur titre au documentaire, constituent la ressource première d’André et d’Albert ainsi que de leur famille nombreuse. Les grossistes n’hésitent pas à abuser de la gentillesse des deux vendeurs, venus exprès dans la capitale au terme d’un voyage très harassant. Une marchande ose même déclarer que le récipient n’est pas rempli, alors même qu’il déborde de partout. Plusieurs marchands entourent alors André et Albert de manière assez oppressante, veulent sans cesse baisser un prix déjà ridicule pour l’entièreté des fameux lépidoptères.
Pourtant, la modique somme que doit apporter cette vente n’a pas vocation d’améliorer, au moins pour quelques jours, la vie de leurs vendeurs, puisque ceux-ci nourrissent le ferme dessein d’ouvrir une école gratuite à l’attention d’enfants démunis. Une scène très forte, lors de laquelle les deux apprentis enseignants devront à contrecoeur faire une sélection entre les élèves, s’ensuivra notamment.

- « Yembi » -
C’est avec un film 100% centrafricain que le pays a fait son grand retour au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) . Yembi (« Aime-moi »), un long-métrage de 90 minutes produit par Eric Sabe, aborde la question des traditions familiales en Centrafrique.

- « Le silence de la foret »
Film de 2003 - Coréalisaton de Bassek ba Kobhio et Didier Ouénangaré
Synopsis =
Gonaba, nommé Inspecteur des Ecoles à Bangui après des études en France, décide brusquement de tout abandonner pour aller vivre au coeur de la forêt équatoriale, domaine des pygmées Babingas. Son projet : les aider à s’émanciper des « hommes grands » dont le racisme lui est intolérable, quarante ans après l’indépendance du pays. Au terme d’une longue épreuve, une vérité immuable : le bonheur est la chose la plus relative au monde.

Le silence de la forêt (The Forest) from California Newsreel on Vimeo.

- « Wakis, chasseur d’arbres »
Film de République centrafricaine| 2020 | 29 minutes - Réalisation Tanguy Djaka Yarissi
Synopsis =
Wakis, bûcheron centrafricain, travaille en famille à la collecte du bois pour le transformer en charbon. Mais confronté à sa raréfaction – et pour éviter des conflits avec ses voisins – il doit "chasser" les arbres de plus en plus loin de son lieu de production. Tanguy Djaka Yarissi signe une chronique sociale précise sur la précarisation d’un métier traditionnel."

- « Chambre n°1 »
République centrafricaine, France | 2018 | 29 minutes - Un film de Leïla N’deye Thiam
Synopsis =
Dans la salle no 1 du service de traumatologie de l’Hôpital communautaire de Bangui, dix femmes attendent de pouvoir enfin sortir et rentrer chez elles. Elles ont chacune vécu différentes expériences et difficultés. Alors qu’elles patientent, de nombreuses discussions s’engagent. Elles partagent soucis, espoirs, projets, mais aussi plaisanteries, rires et bonne humeur. Un film sur la Centrafrique contemporaine.

CHAMBRE N°1 de Leila Thiam from ateliersvaran on Vimeo.

- « Bè ti leguè : la rue »
France, République centrafricaine | 2017 | 18 minutes |Un film de Christian Ousseine
fr
À 16 ans, Losseba n’est plus tout à fait un enfant. Mais il vit toujours parmi les Godobe, les enfants des rues de Bangui. Il mène sa petite troupe, les conseille et veille sur eux, tel un ange protecteur. Peu importe son quotidien misérable, Losseba a un rêve : il voudrait devenir chanteur.

LA RUE (Be ? Ti Legue ?) de Christian Ousseine (VOSTF) from ateliersvaran on Vimeo.

- « Dieubeni a kiri na ngombe (Dieubéni rend son arme) »
France, République centrafricaine | 2017 | 23 minutes - Un film de Tanguy Djaka Yarissi
Synopsis =
Dieubéni a combattu avec les Anti-balaka. Il a été désarmé, on lui a donné une carte de démobilisation. Mais Dieubéni attend toujours qu’on le fasse entrer dans la formation promise. Il se sent floué, il est prêt à reprendre les armes… à moins qu’on lui propose quelque chose. Mais dans un pays comme la Centrafrique, le retour à la vie civile peut-il être un long fleuve tranquille ?

DIEUBENI REND SON ARME (Dieubeni a kiri na ngombe) de Tanguy Djaka from ateliersvaran on Vimeo.

- « Docta Jefferson »
France, République centrafricaine | 2017 | 29 minutes | HD - Un film de Elvis Sabin Ngaïbino
Synopsis =
Jefferson est ce qu’on appelle à Bangui un "docta", un agent de santé qui exerce la médecine sans diplôme. À l’heure où le Ministère de la Santé centrafricain voudrait mettre en place une réglementation de la vente de médicaments, Jefferson traverse une crise de conscience. Son activité est-elle dangereuse pour ses patients ? Doit-il abandonner ? Mais comment alors nourrira-t-il sa famille ?

DOCTA JEFFERSON de Elvis Ngaibino from ateliersvaran on Vimeo.

- « Les Étudiants du PK5 »
République centrafricaine, France | 2017 | 15 minutes | HD - Un film de Mahamat Benamou
Synopsis =
Pour les jeunes du PK5, le dernier quartier musulman de Bangui, étudier n’est pas simple. Pour aller au lycée, il faut sortir du quartier, mais dès que des incidents font remonter la tension dans la ville, le quartier se referme sur eux. Leur refuge devient alors une prison.

LES ETUDIANTS DU PK 5 de Mahamat Benamou from ateliersvaran on Vimeo.

- « Toi et Moi - Mbi na mo »
République centrafricaine, France | 2017 | 28 minutes - Un film de Rafiki Fariala
Synopsis =
Agou et Emélie vivent ensemble dans un petit une pièce de Bangui. Jeunes, beaux, branchés, ils parlent d’amour et se rêvent une vie comme dans les séries américaines. Mais ils n’ont pas un sou. Avec son taxi-moto, Agou ramène à peine de quoi manger. Un accident de moto et leur fragile équilibre pourrait basculer. Qui alors va payer les frais d’hôpital pour le bébé qu’Emélie porte dans son ventre ?

- « Ouali-gara - La Commerçante »
France, République centrafricaine | 2017 | 18 minutes - Un film de Marlyse Yotomane Awa
Synopsis =
Autrefois, Nina était prospère, le manioc s’accumulait dans sa maison jusqu’au plafond. Mais depuis la crise, elle est réduite à vendre quelques légumes qui lui rapportent trois fois rien. Elle n’a même plus les quelques sous qui lui permettraient d’acheter de la marchandise. Mais Nina n’est pas du genre à se résigner. Elle prend son courage à deux mains et se lance à la reconquête de son commerce.

- « Nous de la ligne rouge »
France, République centrafricaine | 2017 | 23 minutes | Un film de Nazir Eliakim Raizou

Synopsis =
À Bangui, un rond-point marque la limite entre deux arrondissements, le 3e et le 5e, là où passe la ligne rouge entre quartiers chrétiens et quartiers musulmans. À chaque incident, le secteur s’enflamme. Les habitants fuient. La circulation des taxi-motos est bloquée. "Que fait le gouvernement ?" s’indignent les habitants exaspérés. Et à quoi sert la Minusca dont la présence massive ne suffit pas à apporter la paix ?

- « Mes yeux pour entendre »
France, République centrafricaine | 2017 | 16 minutes | Un film de Pascale Appora-Gnekindy
http://www.ateliersvaran.com/fr/cinematheque/mes-yeux-pour-entendre_1724
Synopsis =
À Bangui, le petit Ephraïm grandit entouré de l’amour de tous. Malgré sa surdité, il mène une enfance heureuse entre l’école où il apprend le langage des signes, sa famille qui l’entoure d’une présence attentive et... les Témoins de Jéhovah qui le verraient bien entrer dans leur église.

Références
- Le Monde _ Article de Gaël Grilhot publié le 31 janvier 2019
- Jeune Afrique _ Article de Pacôme Pabandji publié le 25 janvier 2019
- Objectif cinéma
- Film documentaire.fr