Nanar du moi de juillet 2021_ Salomé

  • Mis à jour : 22 juillet 2021

Après avoir consacré de multiples articles au film évoquant de nombreux héros de l’Antiquité (Maciste, Samson, Scipion, .... ) et avoir évoqué pendant plus d’un an Hercule, Cinécandide a pensé qu’il était temps de parler des héroïnes des péplums.

FICHE TECHNIQUE
Titre original (anglais) : Salome ou Salome, The Dance of the Seven Veils
Réalisation : William Dieterle, assisté d’Earl Bellamy
Musique : Daniele Amfitheatrof (musique de la danse) et George Duning
Chorégraphie : Valerie Bettis
Pays d’origine : États-Unis
Durée : 103 minutes

SYNOPSIS
Sous le règne de l’empereur Tibère, le prophète galiléen Jean le Baptiste prêche contre le roi Hérode Antipas et son épouse, ex-femme de son demi-frère, la reine Hérodiade (Herodias, en anglais). Celle-ci souhaite la mort du prêcheur, mais Hérode craint de lui nuire en raison d’une prophétie affirmant que la mort de Jean le Baptiste entraînerait la sienne.
Arrive la belle princesse Salomé, fille d’Hérodiade. La convoitise naissante du roi pour sa belle-fille et nièce Salomé va être utilisée par Hérodiade pour faire plier le roi à ses désirs.
Le film, ignorant le récit des Écritures, montre Salomé s’enfuyant du palais avec un centurion romain converti et rejoignant les premiers chrétiens.

DISTRIBUTION
Rita Hayworth (VF : Claire Guibert) : la princesse Salomé
Stewart Granger (VF : Jean Davy) : le commandant Claudius
Charles Laughton (VF : Raymond Rognoni) : le roi Hérode
Judith Anderson (V.F : Lucienne Givry) : la reine Herodiade
Cedric Hardwicke (VF : Jean Martinelli) : l’empereur Tibère
Alan Badel (VF : Roger Rudel) : Jean le Baptiste
Basil Sydney (VF : Louis Arbessier) : Ponce Pilate
Maurice Schwartz (VF : Marcel Raine) : Ezra, le conseiller du roi
Arnold Moss (VF : Jean Violette) : Micha, le conseiller de la reine
Rex Reason (VF : Michel Roux) : Marcellus
Eduardo Cansino : un garde romain
Carmen D’Antonio (VF : Renée Simonot) : servante de Salomé
Ralph Moody : le vieux savant

CRITIQUES

Comme souvent dans ce genre de cinéma, il convient de s’affranchir de toute référence biblique ou historique car l’imagination du scénariste, dictée par diverses contraintes politico-socio-religieuses peut-être, est au pouvoir. Dans d’autres péplums (que je n’ai pas vus) comme dans l’opéra de Richard Strauss, Salomé tombera amoureuse de Jean-Baptiste puis devant son indifférence se vengera.
Ici, Salomé est utilisée par sa mère pour ses propres ambitions et, en parallèle, embrasse la "nouvelle" religion au bras d’un centurion.

Ce qu’on pourrait dire, c’est que l’angle pris dans les autres péplums ou dans l’opéra, permet d’accentuer nettement l’aspect dramatique. On pourrait même imaginer un aspect fatal, l’intervention du Destin.

Ainsi, le choix de William Dieterle conduit à un film sans grand caractère, un peu mou. Et pourtant, il y avait de quoi faire avec le casting, qui est de choix !
Dans le rôle d’Hérode, un Charles Laughton "normalement" libidineux et dans le rôle d’Hérodiade, une "normalement" machiavélique Judith Anderson ...
Dans le rôle de Salomé, Rita Hayworth. Elle ne m’a pas toujours convaincu dans son rôle. Je me serais attendue à une fille possédant une dose un peu plus aigue de perversité.
Dans le scénario, elle avait été envoyée à Rome (pour ses études ?) et y faisait la fête. C’était un bon départ. Sauf que ça s’arrête là. Puis, en simplifiant un peu, elle se fait bannir et renvoyer en Galilée. Sur le bateau de retour, elle ne joue que les grandes dames en snobant tout le monde. Et là, il y avait de quoi faire, pourtant !

Puis parlons-en du centurion sur le bateau. Ah justement, c’est Stewart Granger. Qui tombe amoureux de Salomé, on se demande bien pourquoi ? A cause de la baffe que lui administre Salomé ? Ce n’est pas la perversité. C’est juste qu’il se fait baffer comme un trop entreprenant bonhomme. Et il en redemande, le bougre.
Stewart Granger. Bien sûr, il joue - très bien - la partition qu’on lui a donnée. Il est écartelé (doucement, hein - 1953) entre son amour pour Salomé, son respect inné pour Rome et sa foi pour son grand ami Jean-Baptiste.
Son grand moment, qui ne manque vraiment pas de sel, c’est celui où il cherche à convaincre le gouverneur de Galilée, Ponce Pilate que s’il veut l’immortalité, il faut qu’il reste bienveillant avec Jean-Baptiste et la nouvelle religion qui est en train d’apparaître, etc etc ... (un peu de second degré)

Heureusement, le grand moment du film, c’est la danse des sept voiles qui, elle, est parfaitement réussie : il y a bien sept voiles enlevés (il en reste encore un ou deux sur elle mais on est en 1953), la musique est sensuelle et sirupeuse à souhait et Rita, très belle. Le libidineux Charles Laughton a ses yeux qui lui sortent de la tête et la bave lui coule sur son menton tremblotant. La manipulatrice en chef, Judith Anderson, est hiératique et boit du petit lait quand elle demande à Laughton la tête de JB qu’il lui accorde. La tête arrive sur un plateau d’argent conformément au cahier des charges. C’est parfait et ça permet de donner la moyenne au film.

Au final, ce film est une déception car avec le casting, on pouvait vraiment s’attendre à quelque chose de plus enlevé, de plus coriace, de plus .... Enfin, un peu plus de ceci et un peu moins de cela et on aurait eu un très bon film...