Première époque : 1912 - 1930
- Mihaly Kertesz
Les premiers longs métrages hongrois datent de 1912. On citera l’oeuvre d’un jeune acteur de Budapest (Mihaly Kertesz, 1888-1962), qui se fera davantage connaître sous le nom de Michaël Curtiz. Il sera suivi de Sandor Korda ( 1893-1956) qui sera à l’origine d’une tradition cinématographique : l’adaptation littéraire. "Hanison et Battison" , "le Ballet de mille livres" , d’après Mark Twain, " le Cauchemar" , d’après Molnar seront ses oeuvres les plus marquantes.
Suite à la chute de I’Empire austro-hongrois en 1918 le cinéma hongrois connait un renouveau culturel avec la réalisation d’une trentaine de films. Malheureusement ne sont parvenues jusqu’à nous qu’ "Hier" , de Dezso Orban, ou "Jonas ocsem" , d’Ivan Siklosi et Mihaly Kertesz . Puis de nombreux cinéastes s’exileront : Paul Fejos, Béla Lugosi, Mihály Kertész et Sándor Korda devenu Sir Alexander Korda, premier producteur de cinéma anobli en Grande-Bretagne.
Deuxième époque : 1930 - 1944
En 1930, Istvan Szekely ( 1899-1979) -Steve Sekely dans sa période américaine...- réalise un peu à la façon d’un Lubitsch la première oeuvre majeure du cinéma hongrois, "Hyppolit, a lakaj" (Hippolyte, le valet de chambre], 1931). Des gens du peuple de Budapest y incarnent les personnages du Bourgeois gentilhomme.
Paul Fejos (1897-1963) réalise "Marie, légende hongroise" (Tavaszi zapor],
puis "Tempêtes" et "Gardez le sourire". Un autre émigré, Laszlo Vajda (1906-1965), revient en 1935 en Hongrie, ou il réalise " Magda Kicsapjak". Marton Keleti (1905-1973) tourne en 1937 la "Fiancée de Torocko" , et Viktor Gertler (1901-1969) le "Mercredi vole" en 1933. Béla Gaal réalisa entre 1932 et 1938 une vingtaine de films.
A signaler le film "Emberek a havason " de Istvàn Szöts en 1942, pendant la guerre
Troisième époque : l’après -guerre : 1945 - 1957
Le cinéma d’après-guerre se veut avant- gardiste. Trois jeunes cinéastes le marqueront de leur empreinte : Frigyes Ban (1902-1969), avec le "Rendez-vous au bord de la mer" , Imre Jeney (1908-1986), avec "Et les aveugles verront" ; enfin Geza Radvanyi (1907-1986) , virtuose des mouvements de caméra. Mais très vite la chappe de plomb stalinienne impose un style ouvriériste et conformiste.
Cette chappe de plomb se soulèvera timidement en 1954 avec Zoltàn Fàbri et son "quatorze vies en danger" . Le mouvement s’accélère en 1955 avec Budapesti Tavasz ("le printemps à Budapest") , "Un petit bock de blonde" de Felix Màriàssy, et "Un petit carrousel de fête" de Zoltan Fàbri . Le même cinéaste enchaîne l’année suivante avec "Professeur Hannibal" , puis,en 1957, "Külvàrosi legenda" (la Legende du faubourg), qui lui valut la disgrâce.
Külvàrosi legenda
Quatrième époque : 1957 - 1970
L’écrasement sanglant du mouvement hongrois mettra fin pour quelques années à toute tentative de renouvellement du discours cinématographique , malgré en 1957 "A minuit" , un long métrage de György Révész qui proposait une lecture des événements de 1956.
C’est à partir de 1960 que le cinéma hongrois connaît son véritable âge d’or . L’inoxydable Zoltàn Fàbri réalise en 1961 "Deux mi-temps en enfer" , où affleuraient des allusions à la situation contemporaine,
et par Miklos Jancsó qui réalise en 1962 "Cantata" . La maîtrise lyrique de longs plans séquences, la beauté formelle et parfois glacée, marqueront jusqu’à "Psaume rouge", primé à Cannes, toute une génération de son empreinte.
Parmi ces oeuvres notables : Les Sans-Espoir (1965),
Rouges et Blancs (1967),
Silence et Cri (1968),
Ah !ça ira ( 1968),
, Agnus Dei (1970), le Pacifiste (1971), Psaume rouge (1971),
Pour Electre (1975).
La génération des maîtres comprendra également :
Péter Bacsó : " En été, c’est simple" (Nyáron egyszerü).
- Peter Bacso
Ses films suivants sont de souriantes comédies - son genre de prédilection - sur les problèmes de la jeunesse : "Cyclistes amoureux" (Szerelmes biciklisták) (1965) et "L’été sur la colline" (Nyàr a hegyen) (1967).
Le public et la critique française le découvrent paradoxalement, en 1972, à travers deux films, à tonalité sociale, projetés à Paris : "Rompre le cercle" (Kitöres) et "Temps présent" (Jelenidö), qui évoquent certains aspects de la condition ouvrière en Hongrie et surtout le "Témoin" (A tanù), bloqué, dès sa sortie à Budapest en 1969, pour des raisons d’opportunité politique (cette comédie satirique à l’humour ravageur avait été réalisée après l’entrée des troupes du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie). Dans le cinéma hongrois, Péter Bacsó est considéré comme un maître
Istvan Gaàl : " Sodràsban" (Remous, 1963), Tziganes (1963) - et Zöldàr (les Vertes années, 1965) ;
Istvàn Szabó : Almodozàsok kora (/Age des Illusions), Apa (le Pere, 1965), la confiance (1979), Mephisto (1983) Colonel Redl (1985) ;
Ferenc Kósa : Dix mille soleils (1965)
Pàl Zolnay : le Sac (1966).
I. Gall se joindra au groupe avec le Baptême (1967), le Faucon (1970) et Paysage mort (1971), films dont le thème principal est l’exode rural et l’urbanisation du paysage hongrois..
Cinquième époque : 1970- 1989
La génération intermédiaire du cinéma hongrois verra son émancipation quand Zsolt Kézdi-Kovàcs, qui fut durant l’assistant de Jancsó, réalise "Zone tempérée" en 1970, "Romantika" (1972). Le 73 de Petöfi évoque la révolution de 1848 en s’inspirant du style du Living Theater. Màrta Mészàros apportera une originale et personnelle dénonciation de la situation de la femme durant la période stalinienne, mais aussi des films universels dont maintes réalisatrices s’inspirèrent dans le monde entier. "Adoption" , ours d’or à Berlin en 1975, est un film rare où des êtres courbés sur leurs souffrances secrètes dévoilent des pans de leur intimité avec une pudeur intimiste, comme se dévoile les bancs de brume au dessus du bac qui transporte deux personnages du film. Avec "Neuf mois" en 1976, elle allie comme peu d’autres ont su le faire véracité de l’engagement et sensibilité tendre. "Journal intime" (1982) "Journal à mes Amours" (1986) jalonnent une carrière dont l’apothéose sera à mon sens le magnifique "Elles deux", où Marina Vlady, superbe, confronte la pureté de ses convictions au dur monde des réalités qui s’éloigne du navire de l’enfance.
L’école de Budapest met en avant un cinéma sociologique réalisé à partir d’une "étude de terrain" et souvent joué par des non-professionnels. L’analyse directe de la réalité s’y veut exempte de toute influence idéologique (ils en avaient soupé...). Judit Elek : Un village hongrois (1973), Une Histoire simple (1975) ; Livia Gyarmaty avec "Connaissez-vous Sunday-Monday ?" (1968), "Deux Ingénues" (1971), "Arretez la musique" (1973) ; Laszló Vitézy : "Temps de paix " (1979), "Terres rouges" (1982) sont représentatifs de cette école.
Sixième époque : de 1989 à nos jours
- Bela Tarr,
Le véritable leader du cinéma hongrois est aujourd’hui Béla Tarr, auquel le festival de La Rochelle consacra une rétrospective en 2001 . Né en 1955, tour à tour cinéaste amateur, ouvrier, portier dans une maison de la culture, il suit des études à l’école Supérieure du Théâtre et du Cinéma de Budapest et réalise se premiers films, illustrant avec talent l’un des courants de l’école de Budapest. "Nid Familial " (1979), "les rapports préfabriqués" (1982), "la damnation" (1987), "Citylife-the last boat" ((1990), "Satantango" (1993), "voyage sur la plaine hongoise" (1995), "les Harmonies de Werckmeister" (2000), sont autant d’oeuvres originales et fortes qui lui vaudront le surnom de "Tarkovsky hongrois". Mais pas la consécration internationale puisque ses films ne sont toujours pas distribués en France, s’ils le sont dans d’autres pays européeens !
Année de la commémoration de la révolution de 1956, 2006 a été une année particulière pour le cinéma hongrois. Il a bénéficié d’un fonds additionnel pour rappeler ces événements très présents dans la mémoire magyare. Plusieurs films de fiction les ont mis en scène, comme "Les Gamins de Budakeszi" de Pàl Erdöss ou Mansfeld d’Andor Szilàgyi, histoire d’un martyr de la période , et "Children of Glory" de Krisztina Goda. 1956 a également inspiré de nombreux documentaires, dont "Le Visage de la révolution" : à la recherche d’une fille de Budapest, coproduit par Jean-Pierre Jeunet. Attila Kékesiest parti d’une photo célèbre pour faire un film d’investigation sur la jeune inconnue devenue d’une seule représentation sur papier argentique une héroïne de la révolte hongroise.
Plusieurs générations de réalisateurs ont participé à cette commémoration passée presque inaperçue en france. La plus ancienne, composée de Miklós Jancsó, Pàl Sàndor et Judit Elek, reste fidèle à un cinéma d’auteur . Jànos Szàsz a présenté son nouveau film, Opium, qui explore les relations troubles d’un psychiatre des années 1910 et de sa patiente graphomane. A noter également Iszka’s Journey de Csaba Bollok, sur les enfants des rues, un des films sélectionnés à Berlin avec "Men in the Nude" de Kàroly Esztergàlyos. La nouvelle génération est composée de cinéastes comme Györgyi Pàlfi ou Agnes Kocsis ( Fresh Air ).
- Marta Meszaros
Très présent à Berlin cette année avec un hommage à la réalisatrice Màrta Mészàros, Ours d’or pour sa carrière, le cinéma hongrois était également remarqué à Cannes avec "Taxidermia" de György Pàlfi et "White Palms" de Szabolcs Hajdu. Le circuit art et essai est important, les multiplexes nombreux. Et si le public préfère encore les grosses productions américaines, la part des films hongrois augmente avec bientôt vingt pour cent de la fréquentation pour une trentaine de productions nationales en 2006. Les nouveaux studios Korda (Alexandre Korda fut le plus grand producteur du cinéma anglais), soulèvent bien des espoirs.
Depuis les années 2010 on assiste à un véritable renouveau du cinéma hongrois sur le plan international.
Les incitations financières _ La loterie nationale hongroise
• Face à une désaffection des salles nationales, le Parlement hongrois a approuvé le 24 novembre 2011, une loi visant à injecter 4 milliards de HUF (13 millions d’euros) dans l’industrie cinématographique nationale, la Motion Picture Public Foundation of Hungary (MPPFH ou MMKA en hongrois), ex-organisme public de soutien à l’industrie cinématographique, n’étant plus capable de verser les subventions de rigueur aux sociétés de production de films, de nombreuses sociétés de production hongroises ont connu la faillite, fragilisant plus encore l’industrie nationale. Une commission dont l’expertise a été confiée à l’ex-producteur hollywoodien originaire de Hongrie Andy Vajna (Rambo, Total Recall), entouré de professionnels du secteur et de juristes. D’après la loi, 80 % des recettes fiscales perçues par la loterie nationale en Hongrie serviront à aider la création cinématographique nationale.
• Loi entrée en vigueur début 2004. Elle offre aux entreprises un important abattement fiscal de 20 % à condition d’investir dans le septième art.
Création d’infrastructure
Un complexe ultramoderne de studios de cinéma sur près de 40.000 m², financé par des investisseurs américains et hongrois, a été inauguré en mai 2010 à Budapest . Le choix de Budapest pour les studios est fait en raison de conditions fiscales attractives pour la production de films, le cadre spectaculaire offert par la capitale hongroise et ses environs, et la présence de main d’oeuvre qualifiée. Le studio réalisera des longs métrages, des spots publicitaires, mais également des productions conçues pour la télévision.
Une nouvelle génération de réalisateurs
« Comme des réalisateurs commencent à être primés dans les festivals internationaux, cela incite les spectateurs hongrois à aller voir leurs films ». Exemple, « Du sexe et rien d’autre » de Krisztina Goda, une comédie à l’italienne. Sans atteindre de tels scores, les drames gagnent aussi la faveur du public. Dans « Paume blanche », son troisième long métrage, Szabolcs Hajdu raconte son enfance.
Résultats sur le plan national
Le cinéma hongrois attire aujourd’hui deux fois plus de spectateurs qu’il y a quatre ans, En 2006, les films hongrois ont totalisé 2, 18 millions d’entrées contre 1,2 million en 2002.
Les films Hongrois de 2010 à 2018
« Pall Adrienn » –2010 - Agnes Koccis - Cannes un certain regard
« Le cheval de Turin » - 2011 - Bela Tarr
« Feher Isten » - 2014 - Kornel Mundruczo
« LE FILS DE SAUL » - 2015 - László Nemes – Cannes et Oscar
« CORPS ET ÂME » - 2017 - Ildiko Enyedi – Ours D’Or
« La Lune de Jupiter » - 2017 - Kornél Mundruczó
INFORMATIONS RECUEILLIES SUR LE SITE
http://www.vogazette.fr/article.php3?id_article=152