- Gilles Perret
Gilles Perret, réalisateur du film "Mémoire d’ouvriers" était l’invité de l’association Cultures & Cinémas pour présenter son film au Cinéma Voltaire . Le cinéaste a répondu aux questions des nombreux spectateurs venu assister à cette première projection nationale en numérique.
Après avoir donné la parole aux patrons des usines de décolletage de Cluses dans "Ma mondialisation", dans "Mémoire d’ouvriers" Gilles Perret donne la parole aux ouvriers : les anciens et les nouveaux. Les anciens, combattants de la lutte sociale, déplorent l’individualisme actuel des ouvriers, la disparition de "leur usine", victime de la globalisation et expriment encore leur fierté d’avoir contribué à la réalisation d’une réalisation concrète. Pas besoin d’objectifs alors, "les ouvriers avaient tellement envie de voir ce que cela allait donner qu’ils en rajoutaient" nous dit un bâtisseur du barrage de Roselend. Les nouveaux déplorent la disparition des patrons qui ont fait place à un groupe d’actionnaires invisibles qui se fichent pas mal des produits pour ne s’occuper que de leurs rapport financier. Ils constatent que les chefs d’équipe ou ingénieurs ont fait place à des managers qui ne savent plus faire face à un problème technique. "Maintenant quand il y a un problème c’est plutôt l’ingénieur qui s’adresse à l’ouvrier pour le résoudre". De tous ces témoignages, il faut retenir la franchise des réponses et les constats lucides.
- La salle
Loin d’une évocation nostalgique du passé (ce que certains spectateurs ont quand même ressenti) ce film est un "réservoir" pour ce que pourrait être la renaissance du tissu industriel. Il s’en faudrait de peu que l’espoir renaisse dit le réalisateur : "Après tout, après la commune de Paris, après 1940, il s’est trouvé toujours une poignée d’hommes comme Aubrac pour quelques années après apparaissent toutes les réformes sociales".
- Nadine présente ATTAC
Rendons grâce à Gilles Perret d’avoir mis les ouvriers à la une des écrans bien avant que les candidats aux élections présidentielles en fassent l’objet de joutes oratoires. Le film est d’abord un contraste saisissant entre la vision des médias sur le monde ouvrier il y a cinquante ans et celle d’aujourd’hui. A l’époque les actualités vantaient le travail de ces hommes bâtisseurs de barrages, de routes, producteur d’acier et d’aluminium. Alors qu’à l’heure actuelle le petit écran est envahi par des experts, les communicants, les managers. Exit les ouvriers ! "Ils n’apparaissent pour exprimer leur colère devant les licenciements successifs en tapant sur des bidons."
- réponse de Gilles
Il serait trop long de décrire tout le film. Recommandons simplement d’aller voir ce "livre d’histoire" qui retrace ce monde ouvrier qui n’est jamais apparu sur nos manuels scolaires, pour admirer les splendides images de Gilles Perret (même une table vibrante est belle), le montage dynamique du film, et surtout avoir une perception plus nette de ce que pourrait être le monde ouvrier futur. "L’histoire nous enseigne et nous pétrit". La sortie nationale aura lieu le 29 février 2012.