LE CINEMA SYRIEN
Histoire du Cinéma syrien
En 1908, la première projection cinématographique publique connue, en Syrie, a lieu dans un café d’Alep. En 1916, huit ans plus tard, l’administration de l’Empire ottoman autorise la première salle de cinéma, à Damas, inaugurée par le gouverneur ottoman, Jamal Pacha, mais détruite par un incendie un mois plus tard.
La France assure un mandat sur la Syrie, et de nombreuses salles de spectacle ouvrent à Damas. Le premier film syrien est Al Muttaham al Baree (The Innocent Suspect/Le suspect innocent ), un film muet en noir et blanc, de fiction, réalisé en 1928. Le succès du film écrit, réalisé et produit par Rachid Jalal, en association avec Ahmed Tello, leur permet de créer la première société de production syrienne, Film Hermon.
En 1934, le second film syrien, muet et en noir et blanc, Tahta Sama ’Dimashq (Under the Damascus Sky, Sous le ciel de Damas ), avec une bande son simultanée de musique égyptienne walkie al Unshudat Fouad (Hymn of the Heart, Hymne du Coeur). L’échec commercial du film est éclipsé par le succès de la bande son, al Unshudat al Fouad.
En 1947, Nazih Shabandar installe un studio de production avec du matériel qu’il crée lui-même. En 1948, il produit le premier film parlant syrien, Nur wa Thalam ( (Light and Darkness, Lumière et Ténèbres), écrit par Mohamed Shamel et Ali el-Arna’ut. Ce film est également important, parce qu’y figurent plusieurs étoiles montantes syriennes : Rafiq Shukri, Yevett Feghli, et Anouar el-Baba.
La production de films se développe au cours des années 1950, toujours entravée par une distribution terne. L’industrie cinématographique s’est épanouie dans les années 1960, malgré une évolution significative vers des documentaires nationalistes, et continue à attirer l’attention. Elles permettent des améliorations significatives avec le duo comique de Doreid Lahham et Nuhad al-Qala’i, qui élargit les marges bénéficiaires. Leur premier film, Aqd al-Lulu (Necklace of Pearls, Collier de perles) , sort en 1965, premier d’une longue série à un rythme de deux par an.
Les années 1960 marquent une transition pour la réalisation de films syriens. En 1963, l’Organisation générale pour le Cinéma est créée comme le bras du ministère de la Culture pour superviser la production et la distribution des films syriens.
Suite aux morts des soldats arabes dans la Guerre des Six Jours et la perte du Golan, le gouvernement accorde à l’Organisation générale pour le Cinéma (General Organization for Cinema), le strict monopole de la production et de la distribution de films. En conséquence, l’industrie cinématographique privée disparaît à la fin des années 1960.
Le gouvernement favorise les films vantant les avancées dans l’agriculture, la santé et le transport. Des films documentaires sont produits en grand nombre pour promouvoir la construction d’infrastructures, l’impact de la réforme agricole et la fourniture de services publics. Le cinéma syrien passe du divertissement à la propagande.
Qays al-Zubeidy produit plusieurs films sur les luttes des réfugiés palestiniens. Des films comme Bai’dan ’an al-Watan (Far from their Country, Loin de leur pays) et Shahadat al-Zaman Filastinyyin fi al-Harb (Testimonies of Palestinians in the Time of War, Témoignages de Palestiniens dans les temps de guerre), sortent en 1970 et 1972, et sont distribués dans le monde arabe dans le but de sensibiliser davantage les masses.
Le premier film de fiction produit par l’Organisation générale pour le Cinéma est Sa’eq al-Shahinah (The Truck Driver, Le conducteur du camion), réalisé par le cinéaste yougoslave Poçko Fockovic sort en 1967.
Printemps syrien
La situation syrienne, depuis quelques années, et particulièrement depuis 2011, est à l’origine d’une effervescence artistique, partiellement cinématographique, avec des moyens différents.
Le Grand réalisateur syrien
Omar Amiralay par Hala Kodmani Journaliste Publié le 24/03/2011 à 02h45
Hommage à Omar Amiralay par Cinema_du_Reel
Omar Amiralay, le « prince » du documentaire arabe, venait de signer l’appel des intellectuels syriens pour soutenir les révolutions tunisienne et égyptienne quand il s’est éteint le 5 février à Damas. Aussi ironique que l’oeil et le sourire narquois qu’il portait sur son visage et dans ses films sur la réalité syrienne, arabe et au-delà, Omar Amiralay (« le prince », comme son nom l’indique) auteur de documentaires aux messages subtils, aurait pu être l’ne des figures emblématiques de la révolution dans son pays.
Le parti Baath qui règne sur la Syrie depuis 1962, était l’une de ses principales têtes de turc. Dès son deuxième documentaire, « La Vie quotidienne dans un village syrien », réalisé en 1974 avec le dramaturge Saadallah Wannous, on trouvait déjà tous les ingrédients de sa marque. Il montre tout sans besoin d’appuyer en filmant le discours d’un des zélotes sur les réalisations de la « révolution » (coup d’Etat) du 8 mars tout en montrant la réalité d’un village déshérité, privé de tous les services de santé, d’éducation et de propreté.
Financé par le Centre national du cinéma syrien, le documentaire avait néanmoins été interdit de diffusion en Syrie, comme nombre d’autres oeuvres d’Amiralay. Il revient à la charge en 2003 avec « Déluge au pays du Baas ». Ce film de 46 minutes, produit par Arte, avait reçu le prix du meilleur court métrage de la biennale du cinéma de l’Institut du monde arabe à Paris.
Loin de limiter son inspiration à son pays natal, ce damascène né d’un père d’origine caucasienne, était solidaire du combat des Tchétchènes comme de celui des Libanais, dont était issue sa mère, quand ils ont voulu se libérer de l’occupation syrienne. Il avait réalisé aussi d’étonnants portraits de Yasser Arafat encerclé par l’armée israélienne à Beyrouth l’été 1982 (« Un parfum de Paradis »), de Benazir Bhutto et du premier ministre libanais Rafic Hariri, un an avant son assassinat.
A Paris, où il avait vécu sa première révolution en mai 1968 alors qu’il faisait ses études de cinéma mais aussi ses premiers exils d’opposant, il revenait régulièrement. Il avait gagné la reconnaissance dont le régime de son pays voulait le priver. Son allure de dandy, sa barbe parfaitement taillé, ses yeux malicieux manqueront autant que sa voix douce-amère dans à l’heure du réveil syrien.
Liste des films syriens
Années 1970 :
1973 : Wajh Akhar Lil Hub (Muhammad Shahin)
1974 :
* Al-Mughamara (Muhammad Shahin)
* Everyday Life in a Syrian Village (Omar Amiralay)
- Every day in the syrian village
Années 1980 :
1984 : Ahlam al-Madina (Mohamed Malas)
1986 : Al-Shams Fi Yawam Gha’em (Muhammad Shahin)
1988 : Etoiles de jour de Oussama Mohammad
- Etoiles de Jour Oussama Mohamed
Années 1990 :
1992 : Al-Lail (Mohamed Malas)
1993 : Al-Kompars (Nabil Maleh)
1995 : Al lajat de Ryad Shayya
1996 : On a Day of Ordinary Violence, My Friend Michel Seurat... (Omar Amiralay)
1997 :
* There Are So Many Things Still to Say (Omar Amiralay)
* A Plate of Sardines (Omar Amiralay)
1998 : Nassim al-Roh ( Abdellatif Abdelhamid)
1999 : A1 ( Muhammad Ali Adeeb)
Années 2000
2000 : The Man With Golden Soles ( L’homme aux semelles d’or ) (Omar Amiralay)
2001 :
* Qamaran wa Zaytouna (Abdellatif Abdelhamid)
* Ahla Al- Ayam (Muhammad Ali Adeeb)
2002 : The Box of Life (Usama Muhammad)
2003 : A Flood in Baath Country (Omar Amiralay)
2004 :
* Aadan (Ruba Nadda)
* Bleu / Gris de Mohammad Al Roumi
* Faces de Eyas Al Mokdad
* Fragments de quelques vieux jours de Joude Saïd
2005 :
* Bab al-Makam (Passions ) (Mohamed Malas)
* Before Vanishing (Joude Gorani)
* Il n’y a que le bazar qui reste de Victor Ede
Il n’y a que le bazar qui reste par wfilms
2008 :
* Dolls - A Woman from Damascus (Diana El Jeiroudi)
* Hassiba (Raymond Boutros)
Années 2010 :
* Damascus with Love (Mohamad Abdulaziz)
* September Rain (Abdullatif Abulhamid)
* Apricots (Amar Chebib)
* Damascus Roof and Tales of Paradise (Soudade Kaadan)