NAISSANCE DU CINEMA IVIORIEN
Le cinéma ivoirien, à l’instar des cinéma des autres pays d’Afrique noire francophone, est demeuré longtemps aux mains de réalisateurs, de producteurs et de distributeurs blancs.
Cependant, après avoir fait la rencontre de Maurice CLOCHE, réalisateur français, lors d’une mission à Paris, un Conseiller Technique de la Direction de l’Information ivoirienne lui fait parvenir un scénario . Maurice CLOCHE trouve le manuscrit très intéressant et propose de le réaliser en coproduction avec le Gouvernement Ivoirien.
Pour éviter les lourdeurs administratives et faciliter cette collaboration, l’on crée en 1961, la Société Ivoirienne du Cinéma (SIC). Malgré toutes ces dispositions, ce premier film Franco-Ivoirien intitulé « Adou ou le Prométhée Noir » ne vit jamais le jour. Toutefois, la SIC , créée pour remplacer le service de cinéma du Ministère de l’Information, continua d’exister.
Plus tard en 1963, la télévision ivoirienne est ouverte. Le gouvernement ivoirien décide d’incorporer la SIC à la RTI.
En 1964, un an après la création de la RTI, avec quelques techniciens de la télévision ivoirienne et sur financement de la SIC, Timité Bassori, un jeune ivoirien écrit et réalise le tout premier film ivoirien : « Sur la Dune de la Solitude » .
Le film de 32 minutes raconte , en noir et blanc , l’histoire de la rencontre de deux jeunes gens un soir au bord de la lagune. Tous deux font connaissance et passe la nuit au bord de l’eau. Le lendemain matin au réveil, le jeune homme constate la disparition de la jeune femme. Curieusement, plus tard, le jeune homme retrouvera le visage de sa compagne d’une nuit sur un lit mortuaire. Ce film marque le début du « cinéma »d’origine ivoirienne.
LES DEBUTS AVEC LA TELEVISION
C’est la télévision qui a permis un premier développement de la création cinématographique après la déclaration d’indépendance. Tout commence en 1964 avec une fresque à base de légende populaire : « Korogo », téléfilm de Georges Keïta. La TV est encore aujourd’hui le premier client de la Compagnie ivoirienne de cinéma (la CIC), pour la production de documentaires, ou de courts et moyens métrages signés ou non par les principaux cinéastes d’Abidjan : Timité Bassori, Gnoan M’Bala ou le Guinéen Henri Duparc (la CIC a coproduit la Famille).
L’APPARITION DU NUMERIQUE
Le cinéma ivoirien, depuis l’avènement du numérique, a connu, dès 2004, de nouvelles sorties de films comme : « Coupé décalé » de Fadiga demilano
« Les Bijoux du sergent Digbeu » de Alex Kouassi,, de Alain Guikou ou
« Un mari pour deux soeurs » de Marie-Louise Asseu.
On compte, actuellement et en moyenne, la sortie d’un film tous les trois mois. On notera, il est vrai, que ces films connaissent souvent des défauts techniques (image ou son) mais il est possible d’affirmer que, grâce au numérique, le cinéma ivoirien a pris un nouveau départ.
LES DIFFICULTES DU CINEMA IVOIRIEN
Un manque de disposition institutionnelle
A ce jour, aucune disposition institutionnelle ne réglemente ni ne protège efficacement la profession de cinéaste. Les lois sur les droits d ???auteurs ou sur protection des oeuvres de l’esprit ne sont pas appuyées par des décrets ou arrêtés, ce qui laisse un véritable vide juridique.
Pas de financement
Un autre problème fondamental du cinéma est la question du financement de la production cinématographique. « Le cinéma coûte cher. Les autorités ivoiriennes ont toujours montré, sous les différents régimes qui se sont succédé, leur incapacité à soutenir financièrement cet art », reconnaît un spécialiste. Pour lui, « sans un soutien financier de l’Etat ou de structures spécialisées, le cinéma ne sera que l’ombre de lui-même ». Etalon de bronze de la 22e édition du Fespaco ,
« Le mec idéal », film d’Owell Brown a été produit avec le soutien de partenaires privés.
Quant à Bleu Brigitte, réalisatrice de « Virus 1 et 2 », elle soutient avoir financé ses deux films à hauteur de 45 millions sans aucune subvention. En termes de perspectives, l’horizon reste sombre. Le Fonds d’aide à la création (Fac) qui a permis la réalisation de plusieurs chefs-d’oeuvre du 7e art ivoirien n’est plus fonctionnel. En 1996, 1997, 1998, le pays avait bénéficié d’une aide exceptionnelle de 1,2 milliard de la part du Centre national de la cinématographie (Cnc) de France. Et depuis, plus rien. Les réalisateurs sont délaissés et seuls des courageux sollicitent une aide de l’Union européenne (destinée aux pays du 1/3 monde dans le cadre des accords de Lomé V). Mais, les conditions pour postuler sont draconiennes.
Le mec idéal
Un problème de diffusion
Pour les rares réalisateurs qui arrivent à sortir un film, se pose la question de la diffusion au plan national et international. Aujourd’hui, le pays ne disposent plus de salles de projection. A Abidjan, il ne reste plus que deux salles : Prima-vera et Sococé la fontaine. Les autres ont été, soit transformées en salle de spectacle, soit utilisées comme lieux de culte. « La religion nous a vidés des salles. Et nous sommes sortis par la fenêtre », regrette Gnoan M’Balla. Il y a aussi le problème de ll’exiguïté du marché national. La plupart des films ivoiriens est mal vendue et ne se retrouve que sur le continent africain. Ce qui soulève la question de la distribution.
La concurrence déloyale
Le boom des Vcd, Dvd et autres Divix constitue un véritable danger pour le cinéma ivoirien. Ces appareils qui permettent de lire des films sur des supports CD, clés Usb et cartes mémoires, sont vendus à des prix dérisoires sur le marché. Ce qui permet à chaque citoyen de posséder son cinéma à domicile. La commercialisation à grande échelle des CD reproduits illégalement et vendus à tous les coins de rue constitue la source d ???approvisionnement des populations.
Actuellement
En Côte d’Ivoire, le cinéma souffre toujours d’un manque de financement En l’absence de partenaires privés, le 7e art ivoirien est essentiellement financé et soutenu par des dotations de l’Etat.
Malgré la création du Fonds de soutien à l’industrie cinématographique de Côte d’Ivoire (Fonsic) opérationnel depuis 2013, le cinéma ivoirien souffre toujours d’un manque de financement. En l’absence de partenaires privés, le fonds est essentiellement financé par des dotations de l’Etat, qui a attribué 600 millions de francs CFA (900 000 euros) au Fonsic en 2018, contre 14 millions (20 000 euros) l’année de son lancement en 2013.
Chaque projet fait l’objet d’une évaluation par l’Office national du cinéma de Côte d’Ivoire avant d’être soumis au Fonsic, qui subventionne au maximum les réalisateurs à hauteur de 30 % du budget total de leur film. Plusieurs réalisateurs présents lors du sommet à Abidjan ont critiqué le faible montant de ce fonds et estiment qu’il faudrait que l’Etat et les banques investissent « plusieurs milliards de francs CFA dans ce secteur ».
Le représentant de la BNI a également incité l’Etat à « donner une place de choix à ce secteur en créant d’autres fonds pour rassurer les banques », affirmant que « si le politique s’engage pour le cinéma, les banques qui ont les fonds privés suivront ». En raison de ce manque de financement, le cinéma ivoirien peine à s’imposer sur la scène internationale. Depuis 1986, la Côte d’Ivoire n’a été représentée qu’une seule fois au Festival de Cannes, en 2014, grâce au long-métrage intitulé « Run », réalisé par Philippe Lacôte.
En 2021, c’est « la Nuit des rois » de Philippe Lacôte, une plongée dans la prison surpeuplée de la MACA (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan), qui représente la Côte d’Ivoire à la 27e édition du FESPACO à Ouagadougou
« Ce qu’il faut déjà savoir, on ne prend qu’un seul film par pays dans la compétition officielle. ... En ce qui concerne les longs métrages, on en tourne très peu. Pourtant une bonne industrie cinématographique doit produire environ 45 longs métrages par an, mais pour l’instant, nous n’en sommes qu’à trois », confie Hyacinthe Hounsou, producteur réalisateur ivoirien.
LE CINEMA SELON LES GENRES
Le cinéma d’animation
Longtemps cantonné aux courts métrages, le cinéma d’animation ivoirien accède au long métrage en juillet 2013 avec la sortie de « Pokou, princesse ashanti », réalisé par Abel Kouamé, puis les autres productions du studio Afrika Toon. Plusieurs autres studios d’animation ivoiriens voient le jour pendant la même période, dont @robase studio et C’Kema . En avril 2015, plusieurs de ces studios s’associent pour former l’ Association ivoirienne du cinéma d’animation (Aifa) afin de promouvoir le cinéma d’animation dans le pays6. En 2018 l’AIFA parraine la lancement du Festival du film d’animation d’Abidjan dont le but sera de participer au développement du cinéma d’animation en Afrique et de le promouvoir à l’international.
LES REALISATEURS
Désiré Ecaré et Bassori :
Après des études d’art dramatique à Paris et leur passage à l’IDHEC, Désiré Ecaré et Bassori se font remarquer ; le premier par deux moyens métrages lucides et sarcastiques : « Concerto pour un exil » (1968) et « A nous deux, France ! » / « Femme noire, femme nue » (1970) ; le second par « la Femme au couteau » (1970), considéré comme le premier film de long métrage ivoirien, qui veut traduire « la dualité de la société africaine », mais parvient difficilement à marier le réel et le surnaturel. A ce jour, les carrières de Ecaré et Bassori paraissent s’enliser dans les problèmes de production. Le premier nommé a néanmoins réussi à achever en 1985 « Visages de femmes » qu’il avait entrepris depuis de longues années.
Gnoan M’Bala :
Après la réussite satirique de « Amanié », moyen métrage produit par la CIC (1972), Gnoan M’Bala tourne « le Chapeau » (1975), dénonciation des affairistes. Ce film de 70 minutes, qui confirme les qualités de M’Bala, se révèle pourtant, et c’est le cas de nombreuses productions africaines, difficilement exportable à cause de sa durée inusitée : le débouché idéal devient dès lors la TV...
Henri Duparc
En 1977, Henri Duparc reprend et déploie, dans « l’Herbe sauvage », la thématique de la Famille sur les clivages et les fissures apparus dans la société.
Les FILMS IVOIRIEN
1981 : « Djéli » de Lanciné Kramo Fadiga
1984 :
* L’impact de la satire dans « Pétanqui » (Yo Kozolowa, 1984), dont l’étonnant Sidiki Bakaba tient le rôle-titre, satire fondée sur l’exploitation d’une famine ;
* « Comédie exotique » , de Kitia Touré ;
1985 : Visages de femmes , d’Ecaré ;
1988 :
* « les Guérisseurs »(Aduefue) de Sifir Bakaba
* « Bouka » de Gnoan M’Bala
* « Bal poussière » d’ Henri Duparc
1990 : « le Sixième Doigt » d’ Henri Duparc
1993 : « Au nom du Christ » de Gnon M’Bala
2000 Adanggaman
2000 Bronx-Barbès
2000 Je m’appelle Fargass 52 minutes moyen-métrage
2001 Moussa le taximan
2002 Djaatala
2002 Roues libres
2003 Le Pari de l’amour
2005 Caramel
2005 Les mariés du net
2006 Les Oiseaux du ciel
2007 Les Bijoux du sergent Digbeu
2007 Danger permanent
2007 Un homme pour deux sœurs
2007 Le Virus
2008 Le choix de Mariane
2008 La cour commune
2008 Les Dragueurs
2008 Une famille sans scrupules
2008 Invités surprises
2008 L’Escroc
2008 Marco et Clara
2008 Pardon ! je t’aime
2008 Mon père a pris ma femme
2008 Trio de Choc - Scandale dans la famille
2010-19
Année Titre Réalisateur Genre Durée Notes
2010 Le Djassa a pris feu Lonesome Solo action, policier, drame 70 minutes
2010 Illusion Perdue
2010 Résidence du bonheur
2011 Le Mec Idéal Owell Brown comédie 105 minutes
2013 Aya de Yopougon Marguerite Abouet
Clément Oubrerie animation, comédie dramatique 84 minutes
2013 Pokou, princesse ashanti
2014 Run Philippe Lacôte drame 102 minutes
2014 Braquage à l’africaine
2014 Soundjata Kéïta , le réveil du roi Lion
2015 Wê, l’histoire du masque mendiant Abel Kouamé 65 minutes
2017 Bienvenue au Gondwana Mamane comédie satirique 100 minutes