DEUX BIDASSES ET LE GENERAL
Titre original : Due Marines e un Generale
Titres alternatifs : War Italian Style, Two Marines and a General, 2 Places en Enfer
Réalisateur : Luigi Scattini
Année : 1965
Pays : Italie
Genre : Le jour le plus con (Catégorie : Comédies pouet-pouet)
Durée : 1h41
Acteurs principaux : Buster Keaton, Franco Franchi, Ciccio Ingrassia, Martha Hyer
Incroyable, un nanar avec Buster Keaton. Bon à part ça, c’est aussi l’occasion de vous montrer que les nanars se sont attaqués à tous les genres du cinéma. Ainsi c’est un film de guerre que vous nous proposons.
Mais comme ce sont les vacances et que nous n’avons pas envie de vous alarmer avec la guerre avec une sérieuse ration d’explosions, de rafales, de sang, de tripaille à l’air et d’exécutions sommaires de méchants nazis, aussi nous avons choisi une comédie avec le célèbre tandem italien Franco Franchi et Ciccio Ingrassia, deux comiques siciliens, mythiques en Italie, mais plutôt méconnus au-delà du Piémont.
Durant toute leur longue carrière, Franco et Ciccio se sont attaqués à quasiment tous les genres connus, traités sous l’aspect parodique : le film de gangsters ("Due mafiosi contro Al Capone"), le western ("I due sergenti del General Custer", "Due r-r-ringos nel Texas"...), le film historique ("I due sanculotti", "I due crociati"...), le film d’espionnage ("002 operazione Luna"...) et, dans le cas qui nous intéresse, le film de guerre. Au regard de leurs autres films, la grande force de "Due Marine et un general" n’est pas tant d’être une simple comédie piteuse mais de marquer les débuts de l’internationalisation du dynamique duo et l’exportation des pitreries sur pellicules de Franco et Ciccio vers l’Amérique. Or, pour s’assurer une diffusion maximale au pays de l’Oncle Sam, les producteurs des deux compères ont eu recours à une technique qui, quelques décennies plus tard, fera école au sein de l’industrie du bis italien : faire appel à une vedette américaine has-been (donc pas chère) et la placer en tête d’affiche. Le but de l’esbroufe étant de profiter du peu de notoriété qu’il reste à ladite star dans son pays natal pour assurer un maximum d’entrées en salles. Et pour "Due marines e un generale", les producteurs n’ont pas lésiné à la dépense (enfin, tout est relatif) puisqu’ils ont réussi à alpaguer rien de moins que... Buster Keaton himself !
Certes, contrairement à d’autres acteurs pour qui l’Italie représentait la terre promise des fins de carrières difficiles, Keaton n’a jamais vraiment arrêté de tourner aux Etats-Unis. Malgré tout, en 1965, après un divorce ruineux, un grand passage à vide sur le plan professionnel et de sérieux problèmes d’alcoolisme, Buster n’était plus que l’ombre de la superstar qu’il avait été trente ans plus tôt, à l’époque du "Mécano de la Général", et souffrait déjà du cancer qui devait l’emporter un an plus tard. C’est donc un Keaton vieilli, usé, fatigué qui traîne sa carcasse et sa cirrhose dans ce film. Et ici "l’homme qui ne rit jamais" mérite amplement son surnom, tirant une tronche de six pieds de long, muet de bout en bout et répétant mécaniquement les gags visuels qui firent autrefois son succès. Buster donne ici tout son sens au verbe "cachetonner" et, probablement conscient d’être tombé bien bas, semble faire exprès de saboter ses rares scènes qui pourraient vaguement être drôles au premier degré.
D’autant que les scénaristes ne se sont pas vraiment foulés pour créer ses gags : que ce soit le numéro du piano comique, celui de l’armoire aux tiroirs qui s’ouvrent et se referment tout seuls, ou encore celui des objets improbables qu’il tire de sa casquette, tout cela sent le réchauffé et le déjà-vu. Hommage aux sketchs qui firent autrefois sa gloire ou simple exploitation d’un comique plus vraiment dans le coup ? La question reste ouverte.
Franco et Ciccio soutiennent un Keaton vraiment en bout de course !
Histoire de le ridiculiser encore plus, il se voit ici confier le rôle du Général Von Kassler, le "renard des dunes", officier allemand fortement inspiré de Rommel, mais muet (à l’exception d’une seule réplique, tout à la fin du film), cible numéro un de l’Etat-Major américain et de son subalterne, un méchant SS qui ne supporte pas le mépris qu’affiche Von Kassler pour les thèses nazies (un peu comme Rommel lui-même). Et les deux marines que l’Etat-major envoie pour l’espionner ne sont évidemment autres que Franco et Ciccio.
Martha Hyer (à gauche), était une vraie actrice américaine (et pas une italienne sous pseudo), qui joua dans quelques gros films ("Comme un torrent", avec Frank Sinatra) et d’autres plus hasardeux (celui-ci) avant d’épouser un patron de studio et de prendre une retraite anticipée.
Buster Keaton mourut un an après la sortie de ce film. Franco et Ciccio, après une petite brouille, se séparèrent dans les années 70 et tournèrent d’autres films séparément avant de se retrouver dans les années 80 pour quelques films beaucoup plus sérieux ("Kaos" de Paolo et Vittorio Taviani) et des apparitions télé. Franco Franchi interpréta sans aucun doute son meilleur rôle lors de ses audiences devant le juge Falcone, vu qu’il fut mis en examen par ce dernier lors de l’opération "mains propres" en Italie, à cause de quelques-unes de ses accointances supposées avec la Mafia. L’ayant très mal vécu, il en mourut en 1992. Quant à Ciccio Ingrassia, il continua à tourner seul dans des productions italiennes avant de retrouver Franco au Paradis des comiques ringards en 2003.
Le film : * : rique du Nord , en 1943, deux soldats américains s’égarent dans une tempête de sable avec leur jeep (jusque là rien d’étonnant, je vous assure qu’on y voit pas à 3 mètres dans ce cas là). Ils sont faits prisonniers par les Allemands (Là c’est moins pro... mais après tout lors de la guerre du Golfe, quelques soldats d’élite de l’armée française avaient fait pareil en étant aux mains des Irakiens).
Au PC allemand ils font la connaissance du Général Von Kassler. Ce dernier laissent s’enfuir les deux lurons avec de faux plans des positions allemandes dans l’espoir de tromper le Q.G. américain. (C’est normal, le général est surnommé le "renard des dunes"). Mais, par un pur hasard, les deux prisonniers partent avec les plans authentiques. (La chance sourit souvent aux plus cons)
Quelques mois se passent. A Cassino, Joe et Frank sont encore fait prisonniers (là ça devient un métier). Déguisés en civil, le Général ne les reconnait pas et les prends pour des plombiers (il faut dire que du plomb il y en avait pas mal sur les champs de bataille).
Il les charge de réparer la tuyauterie de sa villa. Naturellement, ils y provoquent toutes sortes de dégâts, parvenant ensuite à fuir, aidés par une jeune fille.
Puis ils libèrent des prisonniers destinés à la déportation, en enfermant dans le train qui leur était destiné leurs géôliers allemands.
Recherchés, ils se font passer pour des acrobales de cirque. Mais cela ne peut pas durer. Franck , à la fin se déguise en Führer (clin d’oeil au film de Lubitsch), causant le désordre dans les rangs allemands. Mais les deux compères finissent par être arrêtés par les S.S.
Pendant ce temps par suite de circonstances tragiques, le Général Von Kassler a été condamné à mort. Sous un bombardement providentiel, Joe, Franck et le Général réussissent à prendre la fuite et rejoindre les troupes américaines.
Pour les plus courageux , le film complet :